Dans
les hasards d’un bord de rive, aux abords d’une Moselle tranquille, je fis la
rencontre d’un homme d’exception. René, un homme en voie d’extinction. Un homme
d’une autre époque, un homme du temps jadis. Un de cette trame à la couenne
dure. Soixante-dix ballets passés, son vieux Peugeot pour seule machine et dix
vitesses sont bien assez.
Tu cultives un jardin immense et la Moselle tu
rames les jours cléments depuis chez toi.
Ancien
boucher, cultivateur aussi, je me délecte de ta cuisine simple et délicieuse.
Cuisine
de fortune aux instruments de bois. Ton pain est bon, des miches énormes et le
vin généreux dans des verres épais. Les araignées ont envahis ta bibliothèque
et tu n’as que faire d’un réfrigérateur.
René, le terroir au bout des doigts et ta maison un grand musée branché à même le
passé. Homme versatile, tu sculptes le bois de mirabelle pour tout passe-temps.
Des
murs remplis de vieux objets et le repas s’étire en bonne compagnie. Tu me
demande si je suis bi-langue au Canada… me raconte des histoires de perroquets
clandestins… Mais c’est le respect, toute la fierté que tu portes à ta région,
qui me touche tant.
L’on se quitte la panse pleine, un peu fonfon
et tu soulèves mon vélo pour t’assurer de tout son poids. Merci René pour ce
voyage dans le temps. De ta parole, de dans tes gestes, tu m’as fait voir la
simplicité rebelle de faire autrement.
Tu
fais de chaque saison un manteau à ta mesure.
Et
les saisons te vont si bien…