C’est un pays grouillant d’individus qui frise
le milliard. Un endroit comme nul part où la misère fait les coins ronds. Une campagne clémente à peu près calme perd
du terrain. Débordent de ce trop-plein bouillant des villes peuplées jusqu’à
n’en fendre. Des familles entières abritent les rues, siègent les viaducs. Y vivent
dans des maisons bancales de toiles, de tôles, de ce qu’ils trouvent.
S’alignent et se succèdent des bidonvilles là où il y encore de l’espace. Abrillé de feuilles de
cartons, des centaines dorment à même le sol avec pour seule berceuse la
cacophonie constante d’un trafic fou. Des feux de plastique éclairent la nuit. Faire
d’un trottoir sa cuisine et l’eau à boire n’en parlons pas…
C’est une folie de toutes couleurs et le
silence s’en fut ailleurs. Les femmes, loin du voilées, montrent de grands
morceaux de peau dans l’air du jour. Point rouge au front, la marche lente,
elles cachent le peu de rupes qu’elles ont entre un sein et leur sari.
Clochettes aux pieds, bijoux au nez, elles sont si belles dans ces tissus
légers.
C’est une nation de toutes classes, de bien
des castes… full religions! Où les enfants se baignent dans des eaux troubles
et laiteuses avec des vaches difformes d’avoir trop mangées de sacs plastiques.
Ils s’amusent d’un rien, de cerfs-volants et de criquet. D’autres travaillent
dure dans la misère d’une jeunesse invisible. Sans d’autre choix, certains
défèquent et pissent à même les rues dans l’heure de pointe. Beaucoup se font
adultes dans des corps d’enfants que la nécessité à fait vieillir trop vite.
C’est une culture pour moi revisité. Cette
impression de brume à toutes heures du jour que l’air épais brule dans
l’horizon. Le vent remplit de particules sangsue mes yeux. La peau collante,
noircie de crasse, je joue du coude avec rickshaws, camions et trous.
S’accumule une foule peu importe l’endroit où je me pose. Des yeux curieux, des
mains qui touchent. Des gestes parlent pour tout langage, le chai se boit de se
comprendre. Taillé sa place, donné son droit aux vaches sans poil, éviter les
collisions. Des chameaux tatoués de signes tribals tirant des charrettes de
foin me dépassent sur l’autoroute. Et un matin, cet éléphant le visage peint
surréalise mon bout de chemin.
C’est un bouillon où les contrastes abondent
les yeux, piquent les sens. L’odeur de l’encens côtoie celle de déchets que
l’on brule à ciel couvert. D’incomparables sourires d’enfants. D’autres la mort
au trousse, des membres en moins, des mouches aux yeux. Des villes que l’on
étouffe sous les ordures et le temps des moissons se fait à la serpe sur des
odeurs de mangues dans la campagne. La fumée noire des cheminées; des
briqueteries à l’infinie. Les pétales de fleurs au pas des portes de chaque
maison. Des guirlandes de fleurs aux parebrises des voitures. Des fleurs sur l’eau
des fleuves, dans les cheveux des femmes. Vivre de peu, surtout de rien et faire
avec. Hocher la tête de gauche à droite pour toutes réponses. L’Inde, tu es
sans pareil de par le monde.
Comme
tu es laide… comme tu es belle…