Aux quatre coins de ce pays, de long en large,
nul ne peut ignorer ta personne. Tu es partout. Ton regard bleu sur des
affiches s’impose. Ta posture silencieuse fait les podiums. Pose fièrement ton
profile dans les chaumières. Des routes et des boulevards portent ton nom.
Debout, ton corps de bronze centre les villes. Ta tête d’or aux sourcils fous
encastre les détours de bien des murs. C’est à croire qu’avant toi il n’y avait
rien. S’entrechoquent tes profiles sur les pièces de monnaies. Tu te trimbales
dans les poches de tous les Turques.
Mais qui étais-tu, Ataturk? Un homme aux idées
à l’avant-garde de son temps. Tu marquas la Turquie d’un sceau bien moderne. Un
vent nouveau au tournant d’un siècle bouillant. Tu donnas un nouvel étendard à
ce pays changeant. Ataturk, le grand. Mais qui étais-tu vraiment? Un homme de
guerre fier de son pays. Un politicien qui a fait de l’Europe son modèle. Tu
enlevas le pont entre politique et religion. Tu es l’un des premiers à avoir
donné une voie aux femmes. Tu remodelas la Turquie jusqu’à lui donner un nouvel
alphabet. Tous t’idolâtre même si certains rêvent dans leurs barbes le temps
d’avant ta venue.
Ne reste de toi que les faits et les images.
Ne reste de toi que le beau, le meilleur, le héros. Que dirais-tu de cette
Turquie post-modernisée. Est-elle devenue la continuité de ta vision. En
serais-tu fier? La défendrais-tu encore avec autant d’ardeur? A-t-elle tangué
du bon côté; de ton coté ? Qu’en est- il de son identité, de son authenticité.
Ne reste de toi que des statues. Hélas, elles ne sont pas bien bavardes. Tes
images sont nombreuses mais c’est ta voie que j’aimerais entendre.
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