Dès ma sortie hors de la ville-monstre se sont
déballés de grands espaces sous mes roues. Déroulées d’immenses vallées de
roches qui s’éventrent pour se perdent dans le désert. Le fond de l’air est
frais, voir froid. J’en perds le souffle dans la conduite. Le regard posé sur
cette ligne de fond qu’est l’horizon, la route s’étire. Se perd et je veux
aller voir sa fin. Le soleil teint la terre et brûle mon nez dans les mêmes
tons. Les ombres s’allongent; des murs de sable dansent sur le plat. Fouettent
des dômes d’argent sur leurs passages. Les formes s’effacent dans de la
poussière de vent. S’y cachent des puits d’un caravansérail à l’autre sur cette
route de la soie.
Sur ces lignes droites d’un noir blanchit, je
cherche des chameaux solitaires du bout des yeux. Ces bêtes venues de loin,
d’Afghanistan, entreprennent des chemins qui tiennent du secret. Seuls, ils
traversent les frontières avec dans leurs bosses un précieux trésor.
Contrebandiers incognitos avec caché du sous la peau l’opium que l’on récupère
ici pour la Turquie et puis le reste du monde. Partout posées des tours de
sable, vigil jadis contre l’invasion. Forteresses oubliées, ils font désormais
office de repères pour les avaleurs de rêves. Pour les nombreux fumeurs
d’opiums de ce pays.
Ce ne sont plus de simples villages mais des
villes entières faites de boue. Tenues en place par de la paille. Des labyrinthes
où j’aime à m’y perdre. Cachant des
ombres aux couteaux entre des murs d’aucun angle droit. Et lorsque, loin des
machines bruyantes, le silence aboutit ne flotte dans l’air que le bruit des
fuites de gaz naturel aux travers des tuyaux. Je fais des jours à flâner la vie
que des après-midis font sans bruit. La nonchalance de lire sur un pont-miroir.
Découvrir un monde de symétrie au travers de ruelles croches. Des mosquées
façonnées de mains de maîtres avec au centre toujours un point d’eau. Des
constructions d’une incroyable perfection où tout n’est qu’arches et symétrie. Faites
de milliers de tuiles jaunes aux motifs spectaculaires qu’un fond bleu
contraste. Des murs de poèmes dans des villes de boue. De vieilles portent de
bois dans un monde sans arbres s’ouvrent sur des bazars bondés. D’où
s’infiltrent les lumières du jour par des trous que des dômes font
kaléidoscopes.
Mais pour accéder de tels endroits, il faut
traverser de longues banlieues laides et expansives. Les mille et une nuits se
sont évaporées avec le millénaire. La lampe à l’huile est remplacée par le
néon. Si les tapis volaient autrefois, maintenant ils ne font que caresser la
paume des pieds dans chaque maison. Le monde change, leur monde change. Mais
même s’il faut traverser bien du laid et nombreux bruit, le charme du
Moyen-Orient reste. Ce charme légendaire suinte les murs, vit dans les dômes…
murmures les arches… Un charme unique que l’hospitalité fera complice encore
longtemps.
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