Ne pas oublier cette fillette dans la mosquée
de Qom. Où les femmes en noire contrastaient des murs brulés par le soleil. De
sur sa tête, sur tout son corps, elle portait un drap blanc picoté de fleurs.
Ne reconnaissant en rien toute la signification de ce bout de tissus, elle
gambadait souriante. S’amusant avec les ombres, l’innocence au fond des yeux,
entre les minarets et les lumières de midi.
Se rappeler de ce fermier rencontré dans un
village perché entre deux déserts. Cet homme le quart de siècle dans les veines
qui dans la parole, de tous ces gestes, de ces manières émanait son attirance
pour les hommes. Il ne peut que cacher ce grand secret silencieusement
emprisonné dans sa propre personne. Son corps une prison et ses envies un
impossible des grands jours. L’homosexualité, se refoulant, fera mariage bien
décevant.
Ne pas oublier ces hommes aux mains habiles
dans les bazars de basses lumières. Jouant du cuir et des métaux pour en faire
de beaux objets. Des artisans chauffant à blanc de vieilles casseroles; une
flamme de jouvence à même le sol. Se mélange dans l’air des vapeurs toxiques
aux odeurs de viandes de chameaux. Les gens vivent de peu dans de vieilles
villes sales et polluées. Travaillant de tous leurs corps, ils en arrachent
pour survivent. De ces villes s’échappent les déchets qui flottent dans le
désert.
Se rappeler des femmes dissimulant les courbes
de leurs corps d’un voile noire une fois dehors. D’une cape elles cachent des
formes ici taboues. Je ne suis pas en droit de leurs adresser paroles. Elles ne
sont ni ma sœur, ni ma femme, ni ma
mère. Parfois nos yeux se croisent mais ne se comprennent pas. Des yeux de
rêves pour un corps secret. Les hommes et les femmes forment deux clans se
donnant distances l’un envers l’autre. Ils se connaissent à peine dans ce pays
où l’autre sexe reste mystère.
Ne pas oublier que l’Iran est un pays
grandiose de ces espaces vastes et beaux. Se rappeler de chaque personne
rencontrée sur les routes et les repos. Tous m’ont portés des regards très
curieux pour des sourires de tout temps. De dans leurs mains coulaient des
gestes généreux. Mais la parole-libre manque et la liberté d’expression s’est
enfuit il y a longtemps. Un pays où l’on ne peut que chuchoter de graves
vérités et l’habitude des non-dits fait la routine. Un pays où partout les murs
peints de longs slogans nous rappellent qui sont les maîtres. Ces grands
manitous…pour moi des fous. Le choix est une chimère et la guerre, cette poigne
de fer, se referme lentement dans l’isolement. L’information est rare et dans
le noir l’attente est longue. N’ayant d’autre choix, ils attendent les mains
liés que quelque chose se passe. Ils attendent… entendent des rumeurs de révoltes venant du
voisinage. Impuissant, ils attendent une guerre qu’ils n’ont pas choisie et que
personne ne veut.
Ola Ombre, Tu n'oublies pas que ton aventure, on la vit à travers tes mots et tes images, et qsue nous t'en remercions,
RépondreSupprimerSe rappeler ta silhouette pour mieux t'imaginer, seul au milieu des autres.
Bon vent,
Famille Boursier !!
Quelle chronique mon cher !
RépondreSupprimerLes impressions que tu notes tout au long de ton périple me font tout simplement rêver. Et dans ce cas-ci, elles me donnent également la chair de poule.
J'espère également que tu as tout faux...seul l'avenir nous le dira.
Prends soin de toi Alfrou et j'espère te revoir bientôt.
Bisous, Cachou xxx