2011/12/15

Bilan premier trimestre



                                                   Bilan du premier trimestre:


-5774 kilomètres en deux continents visant l’Est et le Moyen Orient.
-Traversé 8 pays : France, Allemagne, République Tchèque, Autriche, Hongrie, Serbie,                Bulgarie, Turquie. Le dernier très grand pour sept petits.
-Nombre de crevaison : 0!
Incroyable mais vrai… (Il y a encore de l’air Canayenne dans mes tripes)
-Rien de perdu mis à part quelques litres de morves.
-Plusieurs choses ont été brisées puis réparées avec les moyens du bord.
-5 journées presque trop chaudes en bédaine suit.
-7 journées frigorifiantes. Sous les Celsius mes orteils se sont fait glaçons.
-6 jours de pluie pour un été indien sans fin.
-Plus de vent de dos que de face et j’ai la merde au cul.
-Des milliers de kilomètres de plat suivant le Danube.
Quelques douzaines de cols par-ci par-là.
-3 mois de champs, de plaines, de forêts, de rivières, de bords de mer. Des montagnes à la chaine, des villes, des métropoles.
-L’horizon de plus en plus opaque, la pollution de plus en plus présente.
-59 jours de vélo à ronger les pignons de mes plateaux.
-23 jours de repos à me pavaner. Marcher à même le pouls de chaque endroit visité.
-Dormi dans 63 endroits différents.
-Hébergé 11 fois via couchsurfing.org.
-Par trois fois des inconnus mon offert le gîte pour la nuit.
-Dans 10 auberges et hôtels de bas étages je me suis allongé.
- 39 terrains plats où j’ai installé ma tente.
-Seulement deux nuits où j’ai eu peur
-Croisé des centaines de chiens morts, quelques dizaines de chats écrasés et une poule mal chanceuse.

 J’ai arrêté il y a longtemps le compte des thés, des cafés et nourriture diverses que l’on m’a offert. Trois mois de bien des miles. Le moral est toujours là et j’ai la forme au corps. Je prends désormais des vacances dans mon voyage.  Je troque mes quatre sacoches pour un sac au dos.


2011/12/12

Le manque




Au bout de l’effort se trouve l’extase. Après la douleur il y a l’endorphine.
Se donner jusqu’au mal. S’enivrer de musique forte.
Perdre l’heure, je roule, je force, je fonce mais je suis ailleurs.
Vaguement dans des souvenirs, le passé marquant me revient en tête.
Je me projette dans le futur pendant que le paysage me passe dessus.
Dériver dans sa propre tête. Divaguer un fleuve où j’aime à m’y retrouver.
Les muscles à bout de souffle, je fais des miles en automate.
En avoir mal mais pourquoi! Rien ne m’empêche à l’arrêt.
J’ai faim, j’ai soif mais je m’en fou.
Même blessé, je ne peux me donner à l’inertie.

C’est une fois privé de l’essentiel que les petits détails des jours se font si bons.
Atteindre les limites de son propre corps pour quelques minutes d’extase.
Dans le manque, je me complète.
Un manque de chaleur et le feu devient magie.
Le manque de nourriture et ses repas, je m’en rappelle encore.
Le manque de peau, de contacts humains, pour faire de certaines nuits inoubliables.
Des nuits de pure délices, l’odeur d’une femme, sentir son cou.
Même l’eau chaude parfois se fait extraordinaire.

C’est au bout de l’effort que ce crée le manque.
Ce manque je le recherche, je le fabrique.
Une fois dépasser ce manque s’extasie.
Jamais sommeil n’aura été si bon que lorsque j’ai la fatigue au corps.
Demain je me donnerai d’avantage.
Encore… encore…
Pour aller cueillir l’extase là où elle se trouve.

2011/12/08




 Des barbelés, deux, trois contrôles armés. Je cherche le kiosque numéro 53. Dans la maison de fous le temps d’un visa. Un autocollant pour mon passeport, un premier chai en terre Turque. Pays familier, long et large entre deux mers. Accueillante patrie au peuple fier. Des drapeaux rouges au bout des mats pour témoigner.

 Contre le grain, je me fais manège sur des montagnes russes. Je franchis un autre sommet; une centaine déjà. Mais celui-là porte la mer au bout des yeux. Un sourire s’étampe sur mon visage devant si vaste une étendue. Trouver la mer à travers un continent. Rejoindre la mer sur mon vélo. Cette machine deux-temps pour des cuisses vapeurs sans chevaux moteur. Les vagues se bercent au vent, les pins se tordent au soleil. Une brise constante porte l’odeur saline du large. Flotte  par endroit celle de chèvres en troupeaux broutant le bord des routes. L’olivier est roi de sur sa côte et cultivé à perte de vue. Ces arbres, gorgés de petites billes noires et vertes, courbes leurs branches sous un tel poids. Ces branches que l’on frappe lors des récoltes. En tombent les fruits, les feuilles sur des filets au sol. Des tonnes d’olives dans des sacs de jute une fois pressé feront de l’huile. Sortant des cheminées de la vapeur d’eau à saveur d’olive parfume la campagne.

 Profondément gravé par son l’histoire, la Turquie chevauche légendes et réalité. Homer disait vrai, un cheval de bois à belle et bien franchit les portes de Troie. Cléopâtre sur sa pirogue toucha la côte et des apôtres sont morts dans cette Asie mineure. Païen, Chrétien, Musulman, Juif, Romain, Ottoman… tous ont marqués le territoire. Taillé des pierres en forteresse. Sculpté de magnifiques cités. De ces villes enfouis, des grandes colonnes pointent le ciel. Défiant le temps dans la droiture. Je fais la sieste dans l’une de ces anciennes cités. Là où des sources d’eau souterraines, saturées de calcaire, font des formes folles. Des bassins blancs comme de la watte débordent une eau chaude et sulfureuse. Pammakule, la ville de coton, porte bien son nom.

 Le soleil perd du terrain contre des nuits de longue haleine. Je plonge dans les terres, quitte la mer. De petits cols amènent plus gros. Je découvre l’Anatolie et son plateau. Je retrouve ici les grands espaces sans homme. Me délecte de ces vastes vallées arides que peu d’arbres occupent. Baver dans la journée sur du faux plats, de grands lacs à contourner.  Baver dans mon sommeil de plomb. Des nuits glacées que peu de rêves habitent.

 Chaque soir sort des minarets l’appelle à la prière. Ce chant joue des échos d’une mosquée à l’autre. Et moi bientôt je ferai de l’Anatolie, une Cappadoce lunaire…