2011/12/08




 Des barbelés, deux, trois contrôles armés. Je cherche le kiosque numéro 53. Dans la maison de fous le temps d’un visa. Un autocollant pour mon passeport, un premier chai en terre Turque. Pays familier, long et large entre deux mers. Accueillante patrie au peuple fier. Des drapeaux rouges au bout des mats pour témoigner.

 Contre le grain, je me fais manège sur des montagnes russes. Je franchis un autre sommet; une centaine déjà. Mais celui-là porte la mer au bout des yeux. Un sourire s’étampe sur mon visage devant si vaste une étendue. Trouver la mer à travers un continent. Rejoindre la mer sur mon vélo. Cette machine deux-temps pour des cuisses vapeurs sans chevaux moteur. Les vagues se bercent au vent, les pins se tordent au soleil. Une brise constante porte l’odeur saline du large. Flotte  par endroit celle de chèvres en troupeaux broutant le bord des routes. L’olivier est roi de sur sa côte et cultivé à perte de vue. Ces arbres, gorgés de petites billes noires et vertes, courbes leurs branches sous un tel poids. Ces branches que l’on frappe lors des récoltes. En tombent les fruits, les feuilles sur des filets au sol. Des tonnes d’olives dans des sacs de jute une fois pressé feront de l’huile. Sortant des cheminées de la vapeur d’eau à saveur d’olive parfume la campagne.

 Profondément gravé par son l’histoire, la Turquie chevauche légendes et réalité. Homer disait vrai, un cheval de bois à belle et bien franchit les portes de Troie. Cléopâtre sur sa pirogue toucha la côte et des apôtres sont morts dans cette Asie mineure. Païen, Chrétien, Musulman, Juif, Romain, Ottoman… tous ont marqués le territoire. Taillé des pierres en forteresse. Sculpté de magnifiques cités. De ces villes enfouis, des grandes colonnes pointent le ciel. Défiant le temps dans la droiture. Je fais la sieste dans l’une de ces anciennes cités. Là où des sources d’eau souterraines, saturées de calcaire, font des formes folles. Des bassins blancs comme de la watte débordent une eau chaude et sulfureuse. Pammakule, la ville de coton, porte bien son nom.

 Le soleil perd du terrain contre des nuits de longue haleine. Je plonge dans les terres, quitte la mer. De petits cols amènent plus gros. Je découvre l’Anatolie et son plateau. Je retrouve ici les grands espaces sans homme. Me délecte de ces vastes vallées arides que peu d’arbres occupent. Baver dans la journée sur du faux plats, de grands lacs à contourner.  Baver dans mon sommeil de plomb. Des nuits glacées que peu de rêves habitent.

 Chaque soir sort des minarets l’appelle à la prière. Ce chant joue des échos d’une mosquée à l’autre. Et moi bientôt je ferai de l’Anatolie, une Cappadoce lunaire…