2011/12/15

Bilan premier trimestre



                                                   Bilan du premier trimestre:


-5774 kilomètres en deux continents visant l’Est et le Moyen Orient.
-Traversé 8 pays : France, Allemagne, République Tchèque, Autriche, Hongrie, Serbie,                Bulgarie, Turquie. Le dernier très grand pour sept petits.
-Nombre de crevaison : 0!
Incroyable mais vrai… (Il y a encore de l’air Canayenne dans mes tripes)
-Rien de perdu mis à part quelques litres de morves.
-Plusieurs choses ont été brisées puis réparées avec les moyens du bord.
-5 journées presque trop chaudes en bédaine suit.
-7 journées frigorifiantes. Sous les Celsius mes orteils se sont fait glaçons.
-6 jours de pluie pour un été indien sans fin.
-Plus de vent de dos que de face et j’ai la merde au cul.
-Des milliers de kilomètres de plat suivant le Danube.
Quelques douzaines de cols par-ci par-là.
-3 mois de champs, de plaines, de forêts, de rivières, de bords de mer. Des montagnes à la chaine, des villes, des métropoles.
-L’horizon de plus en plus opaque, la pollution de plus en plus présente.
-59 jours de vélo à ronger les pignons de mes plateaux.
-23 jours de repos à me pavaner. Marcher à même le pouls de chaque endroit visité.
-Dormi dans 63 endroits différents.
-Hébergé 11 fois via couchsurfing.org.
-Par trois fois des inconnus mon offert le gîte pour la nuit.
-Dans 10 auberges et hôtels de bas étages je me suis allongé.
- 39 terrains plats où j’ai installé ma tente.
-Seulement deux nuits où j’ai eu peur
-Croisé des centaines de chiens morts, quelques dizaines de chats écrasés et une poule mal chanceuse.

 J’ai arrêté il y a longtemps le compte des thés, des cafés et nourriture diverses que l’on m’a offert. Trois mois de bien des miles. Le moral est toujours là et j’ai la forme au corps. Je prends désormais des vacances dans mon voyage.  Je troque mes quatre sacoches pour un sac au dos.


2011/12/12

Le manque




Au bout de l’effort se trouve l’extase. Après la douleur il y a l’endorphine.
Se donner jusqu’au mal. S’enivrer de musique forte.
Perdre l’heure, je roule, je force, je fonce mais je suis ailleurs.
Vaguement dans des souvenirs, le passé marquant me revient en tête.
Je me projette dans le futur pendant que le paysage me passe dessus.
Dériver dans sa propre tête. Divaguer un fleuve où j’aime à m’y retrouver.
Les muscles à bout de souffle, je fais des miles en automate.
En avoir mal mais pourquoi! Rien ne m’empêche à l’arrêt.
J’ai faim, j’ai soif mais je m’en fou.
Même blessé, je ne peux me donner à l’inertie.

C’est une fois privé de l’essentiel que les petits détails des jours se font si bons.
Atteindre les limites de son propre corps pour quelques minutes d’extase.
Dans le manque, je me complète.
Un manque de chaleur et le feu devient magie.
Le manque de nourriture et ses repas, je m’en rappelle encore.
Le manque de peau, de contacts humains, pour faire de certaines nuits inoubliables.
Des nuits de pure délices, l’odeur d’une femme, sentir son cou.
Même l’eau chaude parfois se fait extraordinaire.

C’est au bout de l’effort que ce crée le manque.
Ce manque je le recherche, je le fabrique.
Une fois dépasser ce manque s’extasie.
Jamais sommeil n’aura été si bon que lorsque j’ai la fatigue au corps.
Demain je me donnerai d’avantage.
Encore… encore…
Pour aller cueillir l’extase là où elle se trouve.

2011/12/08




 Des barbelés, deux, trois contrôles armés. Je cherche le kiosque numéro 53. Dans la maison de fous le temps d’un visa. Un autocollant pour mon passeport, un premier chai en terre Turque. Pays familier, long et large entre deux mers. Accueillante patrie au peuple fier. Des drapeaux rouges au bout des mats pour témoigner.

 Contre le grain, je me fais manège sur des montagnes russes. Je franchis un autre sommet; une centaine déjà. Mais celui-là porte la mer au bout des yeux. Un sourire s’étampe sur mon visage devant si vaste une étendue. Trouver la mer à travers un continent. Rejoindre la mer sur mon vélo. Cette machine deux-temps pour des cuisses vapeurs sans chevaux moteur. Les vagues se bercent au vent, les pins se tordent au soleil. Une brise constante porte l’odeur saline du large. Flotte  par endroit celle de chèvres en troupeaux broutant le bord des routes. L’olivier est roi de sur sa côte et cultivé à perte de vue. Ces arbres, gorgés de petites billes noires et vertes, courbes leurs branches sous un tel poids. Ces branches que l’on frappe lors des récoltes. En tombent les fruits, les feuilles sur des filets au sol. Des tonnes d’olives dans des sacs de jute une fois pressé feront de l’huile. Sortant des cheminées de la vapeur d’eau à saveur d’olive parfume la campagne.

 Profondément gravé par son l’histoire, la Turquie chevauche légendes et réalité. Homer disait vrai, un cheval de bois à belle et bien franchit les portes de Troie. Cléopâtre sur sa pirogue toucha la côte et des apôtres sont morts dans cette Asie mineure. Païen, Chrétien, Musulman, Juif, Romain, Ottoman… tous ont marqués le territoire. Taillé des pierres en forteresse. Sculpté de magnifiques cités. De ces villes enfouis, des grandes colonnes pointent le ciel. Défiant le temps dans la droiture. Je fais la sieste dans l’une de ces anciennes cités. Là où des sources d’eau souterraines, saturées de calcaire, font des formes folles. Des bassins blancs comme de la watte débordent une eau chaude et sulfureuse. Pammakule, la ville de coton, porte bien son nom.

 Le soleil perd du terrain contre des nuits de longue haleine. Je plonge dans les terres, quitte la mer. De petits cols amènent plus gros. Je découvre l’Anatolie et son plateau. Je retrouve ici les grands espaces sans homme. Me délecte de ces vastes vallées arides que peu d’arbres occupent. Baver dans la journée sur du faux plats, de grands lacs à contourner.  Baver dans mon sommeil de plomb. Des nuits glacées que peu de rêves habitent.

 Chaque soir sort des minarets l’appelle à la prière. Ce chant joue des échos d’une mosquée à l’autre. Et moi bientôt je ferai de l’Anatolie, une Cappadoce lunaire…



2011/11/28

Jour 1
Jour 70















 De jours en semaines, des matins jusqu’aux noirs, je fixe sans cesse le sol en équilibre sur deux roues. Des heures durant,  je m’hypnotise avec des rues. Des milliers de kilomètres pour combien de tours de roue. Dans la distance, je suis devenu le devin de bien des chemins. Je lis dans les entrailles de goudron et les nids de poules en disent long. Le produit intérieur brut de toutes nations gravé à même les routes. J’analyse des accotements dans les montées pour éviter le pire dans la descente. Mes préférées sont les routes d’un noir gommant aux lignes blanches, fraîches et lisses. Quant aux pires, elles sont de braille. Faites d’un ramassis de gris qui semble miné par l’abandon.

 Chaque bout de frontière dépérit comme s’il n’appartenait à personne. Plus le chemin est étroit, plus les cracks sont profondes. Je me rappelle du temps où il y avait des bordures pour me tenir compagnie. Les garde-fous ont disparus. Sont remplacés par des carcasses de chiens sèchent aux os crevants. Je devine de tout sauf des autoroutes et les pavés toujours amènent une ville. Roulé sa bosse sur des chemins de fortune. Tracer des fonds de rangs que l’horizon perd dans le blanc du jour. Et peu importe le pays, les arbres de leurs racines font des bosses sur les chemins en lacet de toutes montagnes.

 Mes roues ont franchies une autre ligne invisible laissant derrière l’Europe. Sur ma selle, je suis assoiffé par tant d’effort mais j’ai faim de rouler d’avantage. L’ecstasy de l’inconnu; un junky à jamais… L’Asie droit devant comme un buffet  à volonté et des routes jusqu’à plus soif!



2011/11/25



 Aux Portes de Fer prend fin ma romance avec le Danube. Une gorge vertigineuse aux parois drue m’accueille en terre Bulgare. Je valse ce large couloir, une forteresse tombée dans l’oubli en guise de bienvenue. Une tête  titanesque taillée dans la roche me regarde passer d’un long silence. Le vent fait des averses de feuilles qui tapissent le sol. Les arbres portent du feu aux embouts de leurs manches. L’automne, sur des odeurs que j’aime tant, saigne la forêt d’un rouge vif.

 Les journées se font désormais courtes et je traverse mon dernier pays d’Europe. Le fleuve au dos, un col en face de singe me pointe du doigt. Un col raide dans une forêt couleur de rouille. Le sommet me voit enfin. Dans l’extase de l’effort j’ai le souffle court. Sitôt franchi, trempant dans ma propre sueur, je redescends avant de ne geler sur place.

 Puis des villages entiers sans une goutte d’asphalte. Des villages où, dans leurs extrémités, des gitans bidonvillent dans la misère. Des enfants me poursuivent sur des rues poussiéreuses de nul pavé. Les sacs plastiques virevoltent au vent, s’accrochent à tout ce qui pique. Les déchets lourds restent sur place, remplissent les fossés. Entre deux bouts de rien, des prostitués font les grands chemins sans l’ombre d’un trottoir. Un parapluie en guise de toit, une chaise plastique pour seul témoin, elles attendent de potentiels clients entre deux champs. Elles payent le prix fort pour la chaleur d’une cabine de camionneurs. Un épais maquillage entour leurs yeux que les miens croisent de courts instant. Et jamais je ne leurs donnent sourires car, en vain, il ne sera en rien miroir au mien. Dans des habits vulnérables de peu de tissus, elles portent la peur au fond des yeux…

 Suivant la ligne d’une ride, je continus et trace le bout d’un continent. M’enfonce dans les bois, de la glace noire pour toutes courbes. Le soleil perce les cimes de glace dans ce pays où partout des vendeurs bordent les routes. Sur des kilomètres l’on ne vend que des patates. Puis il y a cette province où le miel, dans des pots de fortunes, attend sur des tables devant chaque maison. Des pommes sucrent l’air, coude à coude sur des étagères. Une ville entière où l’on ne vend que du papier hygiénique dans des couleurs pastelles.

 Dans l’extrême Est de la Bulgarie, frontière de l’Europe, il y a quelques mosquées. Mais, ici, on les appelle églises Turques. Une frontière bien gardée, barricadée, barbelés et hautes clôtures. Une fois franchit, il y aura les olives… la mer même!

Quitter l’Europe direction Sud.
Quitter l’Europe pour le thé… les minarets…
Quitter l’Europe et j’appréhende les chiens qui déjà sont à mes trousses.
Quitter l’Europe, il me faudra un bâton… 




De sa longue histoire millénaire, la Bulgarie céda de nombreux territoires de sur tout son contour. Mais Sofia est restée comme dans le creux d’une main. La banlieue s’étale à s’y perdre pour un centre moderne et bien vivant. Vivre dans Sofia, une halte dans ma course. Reprendre son souffle, refaire mes muscles. Un port tranquille pour s’accoster un brin. Improviser des quartiers, marcher la même rue plus d’une fois. Gouter le quotidien, finir un verre de vin en main chez des gens de la bohême le soir venu.

 Des chants a capella résonnent les rues, font du vacarme un tolérable. De par ma fenêtre de douces mélodies m’incitent à aller voir dehors. S’adonner au cirque sous le soleil de midi. Troquer mes roues pour une seule. Lancer des balles en l’air dans l’espoir de les rattraper. Ces artistes de la rue sont des amis devenus. Vivre dans Sofia… Je fais le funambule sur un fil et les accordéons nous accompagnent dans la poursuite du plaisir.

Des jours j’en fais un jeu.
D’une vie de démesure j’en suis l’amant.
Je roule sur le monde qui tourne sur lui-même.

2011/11/19

Mon fleuve de chevet


 Au toi, Danube, qui prend sa source au bout d’une forêt noir fatiguée d’avoir trop plissée. Deux ruisseaux comme trois pommes font de tes pieds petite source. Quant à ta bouche en fin de course, elle s’en va cracher dans la Mer Noir. Tu serpentes l’Europe de tout ton corps. Un continent pour t’étaler sur ta longueur. Tu te loves dans des creux de collines. Tu t’élargis où il fait plaine. Coule où il fait plat.

 Au toi, Drava, plus vieux que tous ces ponts qui te traversent. Je t’aurais sauté d’un bon dans tes débuts. Mais rapidement tu prends du gallon et les bateaux prennent du tonnage à mesure que tu t’affirmes. Ton cours défile; tu t’épaissis dans ton courant. Les ponts n’ont d’autres choix que de courbés l’échine à ton passage

 Au toi, Donau, qui n’a jamais rien demandé à personne. Des villages sur tes berges se sont implantés et des barrages te coupent le souffle. De grandes villes siègent ton flanc. Des hommes, des femmes s’imposent mais plus personne ne te boit. Tu as perdu il y a longtemps le contrôle de ton propre débit!

 Au toi, Duna, qui abrite des oiseaux de toutes sortes. Nagent dans tes eaux des poissons immenses… légendaires… nucléaires… L’on te protège peu et te souille trop. Te souille depuis toujours de sur tout ton long. Des milliers de bouteilles vides attendent en vain de se faire remplir à tes côtés. Ce que l’on ne veut plus, on te le dégueule dans des tuyaux. Des seringues de pue à même les veines. De hautes cheminées t’accompagnent peu importe le nom que l’on te donne. Elles se consument lentement comme des chandelles éteintes qui ne cesse de fumer.

 Au toi, Dona, qui mélange ton sang à tant d’autre. Des ruisseaux anonymes t’infusent et de solides rivières t’affrontent. De tout cela ton nom ressort gagnant. Combien de champs irrigues-tu? Combien de lignes te pêchent? Et les bateaux, combien sont-ils à emprunter ton courant?

 Au toi, Dunarca, si long et moi qui avais envie d’aller voir ton delta. Embrasser ta bouche sauvage. Saler mon corps dans tes eaux que tu mélanges à la mer. Je renonce à peine dans la courbe de ton cou. Le courage me manque; le froid m’affronte. Un vent de front me gruge.

 À toi, Danube, mon fleuve de chevet. Tu m’as guidé dans la distance. Je te quitte pour une certaine Sofia plus jeune que toi. Ton haleine de brume sur les matins d’automne me manquera. Mais je sais que des bergers, peu importe le pays, garderont tes moutons par jour de grand vent. Les soleils couchants feront toujours des miroirs de feu sur ta surface.

 Au toi, Danube, mon fleuve de chevet…






2011/11/11



 Passé au travers de l’Europe, je traverse de minuscules pays. Remonte dans le temps à mesure que l’Est prend sur moi. Enjambe des frontières, ces lignes imaginaires, que l’on me confirme avec des étampes dans mon passeport.

 À peine franchie, la Serbie me plut dès le premier coup d’œil. Des maisons de briques beige s’alignent sur deux rangs. Les courts se portent à l’avant. Des piles de briques partout feront des murs plus tard. Des tas de tuiles en miettes ont fait des toits jadis. Au sol, des roulottes en jachère sont figées à même les champs et d’autres s’enracinent dans les boisés. Les chevaux se prennent pour des tracteurs. Ils ont repris le travail, le dur labeur. Tirant derrière eux de gros outils de bois. Des griffes de feuillues plongées à même la terre retournent les sols ayant donnés moissons.

 Une Serbie rurale à perdre de vue. De grands espaces sans fond accueillent des cultures de toutes saveurs. Une fois la récolte engrangée, l’on met le feu aux champs sur des kilomètres entiers. Des cendres pour l’an prochain et la nuit les flammes éclairent le ciel. Des feux sur de grandes distances parsèment le noir. Valsent avec la nuit. L’odeur du foin qui se consume à mon passage. L’automne tire sur sa fin.

 Des feux de joie m’accompagnent sur ces chemins de campagnes. Des hommes et des femmes, le regard franc, me regardent passer en silence. Des mains rudes se lèvent et me salut. Des gens de peu sans être pauvre et des choux partout. Des choux dans les jardins; des camions pleins. En pyramide aux bords des routes. Des choux pour l’hiver prochain.

 Un pays où les gens vivent encore de leurs récoltes. Un pays qui contrairement à d’autres n’a pas le luxe de laisser pourrir de ces fruits au sol. Le temps ici bat une mesure pour chaque saison. Et dans les champs, en bords des routes, les pommiers seront récoltés encore longtemps. En cette saison de toutes moissons, les matins gèlent et les glaneurs sont roi…
  
En Serbie, les ponts se font désormais rares car le Danube a les épaules larges. Belgrade en possède un que je traverse, curieux d’aller découvrir la ville.

 Belgrade de talons hauts et d’échiquiers. Sur de grandes rues piétonnes bondées de passants pressés, les femmes sur des échasses se pavanent. Elles évitent les trous de fausses fourrures au cou. De sur ces même artères, les amuseurs publics se donnent en spectacle pour qui veut bien prendre le temps de les apprécier. Tous ces axes dans un seul sens m’amènent aux poumons verts de cette ville. C’est dans ce parc, perché sur les remparts d’une ancienne forteresse, que tout Belgrade respire entre les branches. Les vieux s’y échec et mat du matin au soir jouant du coude avec des pions. Pour deux joueurs bien de curieux et ne joue pas qui veut. Tout s’anime quand les tours s’en mêlent et toujours le silence lorsque le roi tombe. De ces quelques jours d’arrêt, j’ai flâné avec en tête des fous, des pions et nulle reine. Quelques jours à débouler des rues bouillantes avec en guise de métronomes des talons aiguilles sur les pavés.

 Je perds la ville dans la brume d’Octobre. Reprends la route, les feux aux champs en guise d’escorte. Les gorges ne sont plus bien loin à présent.

 Je m’en vais passer les Portes de fer…

2011/11/09

Hymne au givre




 Les indiens sont partis avec l’été. L’automne c’est finalement assis sur ses lauriers. Les premiers matins froids font désormais du givre sur l’herbe. Peinturant les campagnes de blanc que le soleil fait fondre une fois levé.

 De ces matins où le soleil est bienvenu. Des matins aux doigts qui gèlent. Des matins à perdre toute dextérité. Et  lorsque ces matins font de mon haleine du givre sur mon visage alors je baisse la tête.  Je roule à plein poumon et ne mange que des kilomètres. N’osant m’arrêter de peur de figer. Arrivé aux villages, la pause-café est longue et délicieuse. Pommettes aux joues, les yeux bouffis; je sèche mon linge saturé de sel et de  sueur. Les oreilles en feu je porte la barre au nez en permanence. D’un intérieur chaud, je vois alors dehors tranquillement prendre des Celsius.

 Passer son temps dehors et la météo dicte ma coiffure. La huppe me donne des airs gamins par jours de grand vent. Les longues descentes font de sur ma tête une crinière volumineuse. La pluie m’aplatit et quand le froid m’oblige au bonnet, ma tignasse est d’un gras luisant. Tous bords, tous côtés…pâte à modelé.

 Je crache sans arrêt sous l’effort et j’en bave dans les montées. Mon nez est devenu  une usine à morve. Sans arrêt je mouche en flèche entre deux coups de pédale. Je suis le petit poucet morvant des grands chemins givrés d’Europe. Je roule d’un café à l’autre suivant un fleuve de longue haleine.

Je peux désormais voir mon souffle en plein jour…

2011/11/07



L’Autriche m’aura donné du givre dans les jointures.
L’Autriche où déboule des rangs de vignes jusqu’au fleuve que l’automne transforme en toison d’or.
L’Autriche cyclable bord en bord, sur les quatre faces.

 De Vienne, la ville neuve, je ne vis presque rien. J’avais mes appartements privés à même son pouls et pour la peine j’ai flâné dans un grand lit.
 De Wien, la ville verte, je vis des arbres, des parcs, de longues îles et des gratte-ciels sans importance.
 De Vienna, la vaste ville, je vis des bateaux-piscines flotter sur le canal et une grande roue surréaliste.

Une ville refaite à neuf, bouillante, grouillante. Métropole à plusieurs centres. Moderne, aux goûts du jour. Et partout de sur tes murs le béton grafitisé de belle façon.






 Passer des champs pour des forêts. De par les champs jusqu’aux usines. Après les champs vient Budapest. C’est une ville ronde en forme de cible que le Danube déchire en deux. Sur une rive il y a Buda la bourdonnante. Pleine de commerces où s’entremêlent des tramways, des métros, de grands boulevards et petits bars. De son revers il y a Pest remplie de vieilles fondations construites à même l’histoire. Détruites par les conquêtes; des murs de pierres contre l’invasion.

 Au détour des rues posent muettes maintes statues de bronze. Elles nous regardent passer les jours durant sans un mot dit. Des hommes, des femmes et des enfants figés à même le sol où sur des bancs.

  Construite sur des sources d’eau bouillante, Budapest par endroits suinte du souffre de ces parois. Merci aux Turcs qui, lorsqu’ils occupèrent la ville, en firent des bains grandioses. De grands bains extérieurs et d’autres discrets que sous des dômes dégoutent des algues aux formes folles. Des bains de toutes chaleurs et de gros jet d’eau pour les massages. De la vapeur d’eau ouvre mes pores de peau. Sur un banc de marbre je m’allonge… m’endors. Des jours je flâne pour une vie de démesure dans une ville sulfurique.

 Reconnaitre ces quartiers par des statues au passage. Courser contre des autobus sur mes deux roues et toujours je coupe les taxis. Puis sans appréhension,  la fête s’est mise de sur mon chemin. Boire du rosé jusqu’à plus soif. Boire du rosé, voir venir l’aube avec des gens d’ailleurs, du Caire, d’Istanbul. De l’incroyable imprévisibilité du voyage j’en suis l’amant et les statues ne parlent pas.

 Que diraient-elles avoir l’usage des mots. Parleraient-elles des temps anciens avec noblesse. Que diraient-elles du temps maintenant. Que diraient-elles du futur du quand nous étions petits. Qu’on les oublie peu à peu dans le trafic et la fumée. On leurs marchent sur les pieds le regard posé ailleurs… le regard pressé.

Si seulement elles pouvaient parler…


2011/11/01

Effet miroir



 Aujourd’hui je veux une voile sur mon vélo. Un vent de plaine me fouette le dos. Tête baissée, possédé par la vitesse, dans l’inadvertance je traverse un pont. Sur l’autre rive, je me retrouver en Slovaquie un brin confus. Bratislava, la capitale, j’en suis perdu sur l’autre rive. Je déambule un bain de foule; zigzag des piétons. Au travers des visages, je distingue une femme du voyage. Une bourlingueuse de grands chemins qui comme moi roule sa bosse sur une monture d’acier.

 Effet miroir et éphémère, deux solistes se rencontrent au hasard d’une rue.
Un homme visant l’Est dans les débuts d’une traversée de long parcours. Une femme finissant la sienne. Une année durant ayant mis le cap sur l’Ouest. Elle a vu la Chine et sur ces sacoches s’accrochent encore des poussières du Moyen-Orient.

 Comme il est bon de sympathiser dans sa langue naturelle. Échanger des points de chute, comparer nos machines, se comprendre sans s’expliquer. Pointer des bouts de chemins sur des cartes… des bouts de rêves sur le papier. C’est une rencontre aux deux extrêmes d’une traversée de tous les semblables. Le temps est doux et passe bien vite. Ce bref moment tire sur le surréel et me marque. Trop tôt sans d’autre choix, l’on se donne du dos. Nous devons quitter la ville. Trouver un campement chacun pour soi avant que le jour ne tombe.

 Et ce même soir, je t’imagine à contre-courant. Moi dans ma tente, toi dans la tienne. La même fatigue dans nos deux corps. Le désir semblable d’aller voir ailleurs. Bordé tout deux par le Danube, nous nous endormons sous un ciel clair. Et dans l’air nocturne Morphée nous chante la même chanson.

Je me rappellerai longtemps de ton prénom femme miroir.
Car c’est le mien deux lettre en plus…


2011/10/22

Le froid prend peur et les prix baissent



  
 À l’approche des villes, flotte dans l’air une odeur déjà senti. C’est l’odeur inimitable du charbon qui brûle et réchauffe les chaumières de la République Tchèque. Cette odeur à mon nez comme une preuve. Passé la frontière s’ouvre à moi un pays qui s’annonce plus pauvre que le dernier. Le froid prend peur comme les prix baissent et bien vite Prague arrive sous mes roues.

 Ville incroyable, surtout superbe. Ville de pavés et des clochers. Les pignons d’églises par dizaines débordent et piquent le ciel. Des châteaux moyenâgeux surplombent la ville sur deux rives que l’on traverse à l’aide de ponts de pierres ou bien d’acier. De grandes places aux monuments fioriturés sont habitées par des statues de bronze mécanisées. De ces grandes places s’étalent des centaines de ruelles casse-têtes. Un centre-ville presque parfait et les rues n’ont aucun sens. Un labyrinthe où des murs sous différentes formes ont remis les tons pastel aux gouts du jour. De sous nos pieds partout des passages, des chemins, des rues et des ruelles faite de pavés. Cubes de pierres par milliers. Polis par la marche du temps, concave par l’histoire.

 Marcher à l’intérieur de Prague et des musiques classiques s’envolent des fenêtres. Se perdre dans Prague, vagabonder des rues piétonnes débordantes d’amoureux d’ailleurs. Des bars d’absinthe pour la jeunesse et des étagères de cartes postales pour ceux qui veulent garder souvenir de quand ils n’y étaient pas.

 Déambuler dans Prague, pour chaque rue une taverne. Souvent dans un sous-sol, surtout de lumière sombre. Une dizaine de tables tout au plus. La pièce se fait opaque par la fumée et la bière y est moins chère que le café. Entre deux pintes, apprendre l’histoire de ce pays. Un pays qui avec un gant de velours tira un trait sur ce régime il y a vingt ans à peine. Un pays nouveau dans une Europe fragile.

 Et souvent je m’éloigne de ton centre pour ce quartier populaire où les murs tatoués de graffitis font preuve de vie. J’y trouve des gens qui vivent entre tes murs. Ils font de leurs quotidiens une ville extraordinaire.

 Prague, tu es si vieille, que caches-tu sous tes pavés. Dans tes entrailles j’imagine des trésors. Que ce trouve-t-il de sous ta peau.

Que caches-tu sous tes pavés…









2011/10/14

L'Allemagne au carré et mon fleuve de chevet!



 Les frontières de par le monde se font d’obstacles naturels. Des grandes montagnes, de longs cours d’eau séparent la terre en vains morceaux. C’est le Rhin qui traversé m’amena sur les territoires de  l’Allemagne. Sur l’autre rive, la Forêt Noir plonge ces racines dans la rivière et tout de suite je prends du gaz. Cette Forêt Noir à priori fait la coquette comme dans une vue. Mais bien vite cette même forêt serra mes cuisses dans l’accession d’un de ces cols en face de singe.

 Sous la chaleur intense de midi, je fais du cuir avec ma peau. Je cuis sans ombre sur des pentes de dix pourcent. Des montées pour des litres de sueurs que la descente transforme en cristaux de sel sur mes paupières. Grisé par la vitesse, je pense à la Camargue pourtant si loin. Puis des détails de routes, des souvenirs de jours passés me montent en tête.

À la brunante trouver un lac entre deux plis et le soleil jouant des mauves avec les arbres.
L’envoler d’une horde d’oiseaux synchronisant un vol à l’unisson.
L’odeur de l’automne, les matins froids, glaner des noix d’arbres oubliés. 
Ma gourde remplie de jus de pommes; l’on m’offre à boire dans un village.
Se rappeler qu’en roulant vers l’Est l’on court toujours après son ombre.

Sur mes deux roues, mon ombre s’étire à mesure que les jours avancent.
L’automne s’installe dans la campagne et ces odeurs que j’aime tant…







C’est dans le premier du jour d’Octobre que j’ai abordé le Danube. Abordé les débuts de ce qui va être ma rivière de chevet jusqu’à la Mer Noir. Le plat prend place, les montagnes s’effacent. Ce grand fleuve d’Europe en profite pour y puiser sa source. Un fleuve qui dans ces débuts est simple ruisseau. Serpente son cours que de petits ponts partout sont posé afin de l’enjamber.

 Longeant  les courbes de ces rives, chargé comme une mule je fais du hors-piste dans les sous-bois. Traverse des champs et les glaneurs sont à l’ouvrage. Perchés haut sur les rochers, des châteaux anonymes m’observent entre les branches. Les feuilles tombent à mon passage. Un tapis jaune de sous mes roues. Et chaque matin toujours le brouillard. Un brouillard épais à couper au couteau. Un brouillard à boire. Un brouillard formant des perles de rosé sur tout mon corps.

 Ce ruisseau prend vite du courant s’élargissant de bien des sources. Les villages se condensent… les barrages se compliquent. Petit à petit tu perds le contrôle de ton propre débit. De grandes cheminées bordent tes rives et les centrales nucléaires me font peur. Des poissons géants me réveillent la nuit et les oiseaux se foutent bien de l’eau polluée pour s’y baigner. Tu suis ton cours et moi le tien.

 De par  l’Allemagne je t’ai lové jusqu’à Passau sous les torrents. Dans ce pays un brin rigide j’ai surtout vu, parlé très peu. Je mets le cap au Nord, délestant l’Est et la rivière me tourne le dos. La République Tchèque me trotte en tête… Un grand détour pour voir ailleurs que tous mes sens font la boussole.

2011/10/11


Depuis que je suis dans les campagnes de l’Allemagne au moins deux fois par jour je les vois. Elles sont partout, surtout dans ces recoins de l’improbable. Perdue dans le fond des rangs jusqu’aux embouts de maintes ruelles. Je ne sais qui les utilise, elles semblent oubliées de tous. Je ne sais encore moins qui les remplie mais toujours elles semblent pleines. Il y en a pour tous les goûts, de toutes saveurs.

En bordure d’un rail de train, j’en dépasse une.
Sur les clôtures bordant les champs, je les remarque à peine.
Seule sur le mur de pierre de ce qui semble être un bâtiment fantôme, elle fait le guet dans l’attente de menu monnaie.

Je parle ici de machines distributrices de bonbons.
Distribuant de tout, du casse-gueule en passant par les tatous gothiques. De la réglisse noir aux petits chiens toutous. Il y en a pour tous les gouts. Patiente, elles attendent et me surprennent toujours de leurs emplacements.

En voici quelques exemples :










Elles sont là pour personne et moi qui ne comprend pas...

2011/10/08



Parfois, sans ne savoir pourquoi, l’on se fait une idée bien précise d’un endroit qui nous est méconnu. Sans raisons apparentes, des images se forment dans notre tête en évoquent ces noms qui sonnent le lointain.

 Depuis l’enfance, j’imaginais la Forêt Noir comme un endroit glauque et humide. Une forêt marécageuse sur une terre plate. Où partout de vieux arbres rabougris aux branches torturées semblent vous avalez.  Une forêt aux routes minuscules, une forêt d’aucune lumière. Une forêt à si perdre. Voilà ce qu’était la Forêt Noir pour moi.

 Et bien j’avais tout faux. Il fait soleil, il fait même chaud. Les montagnes escarpées de chaque côté des routes sont dénudées en grande partie de tous ces arbres. Les cloches aux cous des vaches sonnent l’heure en permanence et ça beugle de bonheur. Des maisons robustes sur trois étages sont dispersées ci et là dans un décor enchanteur. C’est aussi le pays du nain de jardin. À croire qu’ils en ont fait leur terre d’accueil sur ces pelouses presque trop verte. Les maisons se gonflent le torse à qui met le plus de fleurs en devancade. Ça joue au coq sur des lilas. On beurre épais les bords de routes avec des roses et des fushias. J’ai l’impression de rouler dans un décor de cinéma. Dans les comtés, dans chaque village comme une odeur de lune de miel.

 Ce paysage montagnard de ces montées m’a donné faim. Me vient en tête des envies de sucre. Je salive pour du gâteau. Vous savez ce fameux gâteau dit Forêt Noire. Mais ça aussi, j’en ai bien peur, ne soit que le fruit de mon imagination…


2011/10/03

Le terroir en pleine gueule et la France dans les mollets.




C’est au bout d’une semaine de pacha qu’en Seine et Marne j’ai donné mon premier tour de roue. Un premier tour de roue dans une France de fous. Un premier tour de roue pour lentement aller toucher le bout du monde. Le grand départ se fait sans presse car l’automne débute à peine. Tracer une ligne traversant un pays sur des départementales de fond de rang. Le terroir en pleine gueule et déjà la France dans les mollets. Prendre son temps dans un pays pour moi connu. Des détours délicieux dans un pays gourmand…

 Passez les bourgs de Brie par-delà le comté de Coulommiers, je me retrouve en pleine Champagne. Côtoyer la Côte des Blancs parsemée de petits villages et de Grands Crus. À Épernay, épicentre de toute cette mousse, la ville est riche, célèbre, aristocrate. Je descendis en caves y visiter des labyrinthes taillé dans de la craie. Le sous-sol de la ville est un gruyère; des kilomètres de tunnels remplis de flacons vermeils. Des millions de bouteilles… dans l’air l’effervescence… Mais je préfère rouler en haut, entre les vignes cordées serrées.

 Par-delà Reims, je prends la clef des champs pour la Meuse au courant doux. Il faut comprendre qu’en Europe l’on appelle fleuve de petites rivières et tous  ruisseaux portent un nom de longue date. Et comme j’aime à traverser ces bouts de campagnes aux ronds valons. Petits îlots de forêts denses entre des champs de tournesols. La vache est reine de sur son tapis vert. Sous le soleil, je sus du lait cru et pète des rillettes. Cueillir des noix à mon passage et l’odeur des pommes au sol indique la saison. Faire des rencontres inattendues, dormir n’importe où et le café de chaque matin se fait si bon.

 Je quitte la plaine, la Meuse et la Moselle pour les montagnes… pour les Vosges. Deux cols plus loin les éclaires sont stroboscopes et le tonnerre un drum and bass dans mes tympans. Prendre La Bresse de front, un dernier col qui à ces pieds amène l’Alsace. La peau salée, le coup de chaleur et les vendanges sont terminées depuis longtemps. L’Alsace; de petites villes et de villages peinturlupés en  maisons de poupées. Le long des routes les crus s’affichent et moi je fais la fête sans retenu dans une Mulhouse d’étudiants.

Il ne me reste qu’à traverser le Rhin… quitter la France.
Quitter le pays du fromage pour un Allemagne donc je ne connais rien.
De l’autre côté de la rivière je vois des montagnes…


2011/09/29




 Dans les hasards d’un bord de rive, aux abords d’une Moselle tranquille, je fis la rencontre d’un homme d’exception. René, un homme en voie d’extinction. Un homme d’une autre époque, un homme du temps jadis. Un de cette trame à la couenne dure. Soixante-dix ballets passés, son vieux Peugeot pour seule machine et dix vitesses sont bien assez.

 Tu cultives un jardin immense et la Moselle tu rames les jours cléments depuis chez toi.
Ancien boucher, cultivateur aussi, je me délecte de ta cuisine simple et délicieuse.
Cuisine de fortune aux instruments de bois. Ton pain est bon, des miches énormes et le vin généreux dans des verres épais. Les araignées ont envahis ta bibliothèque et tu n’as que faire d’un réfrigérateur.

 René, le terroir au bout des doigts et ta  maison un grand musée branché à même le passé. Homme versatile, tu sculptes le bois de mirabelle pour tout passe-temps.
Des murs remplis de vieux objets et le repas s’étire en bonne compagnie. Tu me demande si je suis bi-langue au Canada… me raconte des histoires de perroquets clandestins… Mais c’est le respect, toute la fierté que tu portes à ta région, qui me touche tant.

 L’on se quitte la panse pleine, un peu fonfon et tu soulèves mon vélo pour t’assurer de tout son poids. Merci René pour ce voyage dans le temps. De ta parole, de dans tes gestes, tu m’as fait voir la simplicité rebelle de faire autrement.

Jardinier du temps qui passe, tu nages contre un courant fort.
Tu fais de chaque saison un manteau à ta mesure.
Et les saisons te vont si bien…

2011/09/28


Une fin de journée où tout me semble calme.
Le vent s’en fût ailleurs, le froid n’est pas de glace mais l’automne est bien en place.
Le vert par endroit fait des jaunes avec les feuilles qui bientôt feront tapis avec le sol.

Sur mon campement en bordure de Buzancy, j’entends en sourdine les cloches de la vieille église sonner l’heure. En écho, les enfants jouent au ballon et les tracteurs retournent la terre graisseuse de l’Ardenne. Les récoltes vont bon train; des montagnes de légumes-racineux bordent les routes.

Mon corps n’est pas sans maux. Mes muscles exténués par l’effort me font défaut.
Assis au pied de mon arbre, je ne veux plus bouger.  J’ai faim, c’est tout…
La journée s’apaise, tombe le soleil et tout est calme.
Il ne reste qu’à manger pour mieux tomber dans ce sommeil de plomb que j’aime tant.
Jusqu’à demain… encore une fois…

2011/09/11



Le future de quand j’étais petit ce trouve belle et bien ici.
Dans la magie du World Wide Web le courant passe sur les distances.
Peu importe le fuseau horaire, la prise au mur, le continent.
Des satellites nous connectent, font des frontières un invisible.

Des nouvelles de moi sur mes deux roues.
Entre Paris et New Dehli sur trois saisons et des poussières.
Pour le plaisir, pour vous faire voir, pour partager surtout du beau.
Vous faire voir des tranches de mon chemin et les fautes d’orthographes s’accumuleront le long des routes.
Des tours de roues, de page en page; vous pourrez lire, tremper vos yeux.
Les clairs obscurs d’un kilomètre bien précis, l’ombre d’un visage, la dérobé d’un paysage.

Et moi qui roule ma bosse sans arrêt sur cette balle bleue. Une page .com et vous y êtes.
Et moi qui porte ma maison de sur mon dos. Une page.com je vous invite.
Je me ferai escargot le temps de ce voyage.
Pour faire de ma vie des images… des mots…