C’est dans le creux d’une coque d’acier que
j’ai flotté les eaux du golfe Persique pour un pays où je ne pensais jamais
mettre pieds. Je ne pouvais m’imaginer toute l’étrangeté des Émirats Arabes.
Massive démesure et d’étonnants changements contrastant l’Iran que tout d’abord
je reconnus dans une absence de déchets.
L’endroit est immaculé, d’une propreté surréelle. Les sacs plastiques ne
flottent nuls part et pousse du vert en plein désert. Du gazon phosphorescent
bordent de grands boulevards. Des fleurs multi-couleurs centrent les ronds-points
que l’on arrose en abondance. La folie des grandeurs s’étale et avale des
tronçons de sable dans ce Las Vegas islamique. Une myriade d’immeubles hauts et
forts, pour la plupart miroirs, poussent dans ce sable infertile et salé. Ces
villes-vertiges arrosées à l’or noir défient les lois de la gravité. Grimpent
des tours aux formes folles, grattent le ciel à n’en faire baver tout
architecte.
C’est un pays où l’on sépare le sel de l’eau
afin de la boire. Un pays où l’on fabrique des plages d’un sable fin à l’aide
de machines flottantes. De nouvelles plages chaque semaine s’installent en
bordure de grandes façades commerciales. Là où il n’y avait rien de grands
projets prennent formes dans un futur qui semble avoir oublié ces propres
limites. Un pays qui se veut disponible de tout. Un pays neuf que le pétrole à
fait possible. Un pays, pour moi, vide de l’authentique pour cause d’avoir
grandi trop vite.
C’est un pays à prime abord parfait qui sonne
creux après un temps. Une bulle fragile sur laquelle l’on pavane ses richesses.
Devant tous étaler son pesant d’or et ses jouets. Se plaire dans l’excès. Pour
deux Émiraties, huit étrangers. La plupart venus de pays pauvres et surpeuplés
que la nécessité à déplacée ici. Ils sont nombreux, majoritaire, à travailler
pour peu. Venu chercher l’eldorado et prêt à tout pour un salaire de petite
somme. Au matin, la ville prend du coffre, se gorge de tous ces travailleurs
débordant des autobus blanches. Ils montent chaque jour de quelques étages des
édifices déjà bien hauts. Dans leurs
yeux perlent l’envie. Sont-ils heureux… ont-ils quitté pire… trouvé mieux? Le jour tirant vers le bas, ils s’en retournent
dans des camps loin du visible en plein désert. Des camps dans du vide. Des camps
sans vert ni fleurs. Des camps d’hommes et leurs familles ailleurs attendent en
terre natale. Le parfait porte son prix et pousse une charrue doré devant des
bœufs-mirages. Un pays qui sans eux ne serait que poussière, soleil et vent.
Réaliser que ce territoire c’est fait pays il
y a à peine 50 ans. S’imaginer une vie nomade où l’on survivait de peu, de
dattes, de perles et de chameaux. 50 ans, c’est peu pour effacer ces origines.
50 ans pour y noyer dans le pétrole
toute sa culture. N’en reste rien que beaucoup de ``shopping malls`` ont remplacés.
N’empêche l’air climatisé va me manquer!
Je
m’en vais en Oman.
Là
où le soleil cuit tout ce qui n’est pas dans l’ombre.
Je
m’en vais faire de ma peau du cuir!