2012/05/02

  


Tu m’as donné ton horizon et j’ai roulé sur tout ton corps. Suivi tes veines, parcourant les contours de ta peau. Gouter les jours sur tes parfums que l’heure changeait d’un coup de vent. Dans des creux de rides, je me guidais des lignes de tes mains d’où coulaient de longs cours d’eau. De cols drus et de déserts mirages, j’ai parcouru tes failles suivant des continents entiers. Voyagé ton dos, tes montagnes vertébrales, et les fuseaux horaires défilaient comme les saisons d’ailleurs. J’ai dormi à même ta peau, vagabondant ton corps voulant voir toujours plus loin. Posé mon regard au-delà de ton visage. Tu m’as donné envie d’aller voir d’avantage.

  Le temps est au défaitisme, à l’urgence de te venir en aide. Tous te plaignent, comptent à rebours ta mort prochaine. Mais suis-je fou de dire que tu es magnifique. Je t’ai vu immense, vaste et forte. Je t’ai préféré lorsque tu étais seule. Mise à nue, tu es la muse de tous vivants. Un corps qui prend du pire à mesure que l’humain entre dans ta vie…

J’ai roulé à même le pouls de ton envergure.
Je te dis merci…Merci pour tout…Merci pour toi…

2012/05/01

Mes papillons



 C’est dans un excès de papillons au ventre, le feu aux roués, que j’aboutis une Dehli de la victoire. J’ai touché mon horizon. Atteint mon but, ma ligne de fond. Savourer la fin, le corps électrisé dans la dernière étape. Le cœur heureux mais surtout fier. Fier d’une belle traversée. Un long voyage qui déjà prend fin. Je n’imagine plus Dehli, je la respire…

 Être complice du soleil, le corps bouillant dans l’air du jour me manquera. La fraîcheur du vent sur mon visage dans l’extase de l’effort me manquera.  Cette fatigue du corps, douce douleur des muscles, que des endorphines apaisent me manquera. Valser ce trafic fou, voguer vastes campagnes me manquera. Laisser divaguer ma tête pendant que mon corps se dépense me manquera. Mes mains qui élancent, la faim qui me travaille et l’horizon mènant ailleurs me manquera. Passer des lacets; un col. Pousser des déserts; le vent. Descendre vers la mer me manquera. Traverser des paysages le souffle court de voir si beau. Ces terres devenues souvenirs désormais m’habitent. La distance s’est faite estampe sur ma peau. Des rides aux yeux pour toutes preuves. Pour m’assurer que je n’ai pas rêvé.

 Cette traversée pour n’en faire que quelques mots fut grandiose… majestueuse. Comme tu étais belle dans tes robes de saisons. N’étant unique il y en aura d’autres, je le sais trop bien. Ce feu qui bouille en moi me le rappelle de ces braises. Un chapitre se termine. La bourlingue continue ailleurs et différente. Mais toujours ces papillons, qui de leurs ailes chatouillent mes passions, font et feront battre mon cœur encore longtemps.

Je roule sur le monde qui tourne sur lui-même.
C’était beau!

2012/04/26





 Le pouls d’un pays parfois fait peur de battre un sang si différent de ses propres souches. L’apprivoiser, prendre son temps, jusqu’à ce qu’il batte une mesure proche de la sienne. Pour certain, voir beaucoup, l’essence du voyage n’est en rien la découverte d’une culture. Mais le confort d’être ailleurs avec semblable à soi.

 Accoster des villes que des livres encensent et guident des hordes sur des chemins précis d’un seul sens. Des endroits, lavés du vrai, que le tourisme de masse a pris d’assaut il y a longtemps. N’est en faute personne de ces villes-creuses où le visiteur est devenu l’attraction même. Où le dépaysement se fait minime. Des boutiques du souvenir forment désormais le cœur des villes que tous portent à l’achat. L’excitation des yeux nous vident les poches. Perdre son identité à trop vouloir plaire. L’authenticité s’est diluée de trop s’être adapté à l’Occident.

 De pareils endroits font le grand nombre. Loin du contraire je les aime bien. L’ai apprécies pour faire le plein de conversations entre personnes de même coutumes. Ne rien faire d’autre qu’un pacha dans l’ombre. Souffler un brin, manger et boire. Échanger mon livre pour un meilleur. Le temps de me rerefaire la forme. Puis repartir de plus belle pour ce bouillon souvent très cru. Dans ses endroits les plus connus la folie de l’Inde à disparue. S’est effacé pour le confort qui ne reflète en rien la réalité de ce pays. Dans la bourlingue, ma dépendance, de deux chemins je prends le plus sauvage.


2012/04/20




  C’est un pays grouillant d’individus qui frise le milliard. Un endroit comme nul part où la misère fait les coins ronds.  Une campagne clémente à peu près calme perd du terrain. Débordent de ce trop-plein bouillant des villes peuplées jusqu’à n’en fendre. Des familles entières abritent les rues, siègent les viaducs. Y vivent dans des maisons bancales de toiles, de tôles, de ce qu’ils trouvent. S’alignent et se succèdent des bidonvilles là où il y  encore de l’espace. Abrillé de feuilles de cartons, des centaines dorment à même le sol avec pour seule berceuse la cacophonie constante d’un trafic fou. Des feux de plastique éclairent la nuit. Faire d’un trottoir sa cuisine et l’eau à boire n’en parlons pas…

 C’est une folie de toutes couleurs et le silence s’en fut ailleurs. Les femmes, loin du voilées, montrent de grands morceaux de peau dans l’air du jour. Point rouge au front, la marche lente, elles cachent le peu de rupes qu’elles ont entre un sein et leur sari. Clochettes aux pieds, bijoux au nez, elles sont si belles dans ces tissus légers.

 C’est une nation de toutes classes, de bien des castes… full religions! Où les enfants se baignent dans des eaux troubles et laiteuses avec des vaches difformes d’avoir trop mangées de sacs plastiques. Ils s’amusent d’un rien, de cerfs-volants et de criquet. D’autres travaillent dure dans la misère d’une jeunesse invisible. Sans d’autre choix, certains défèquent et pissent à même les rues dans l’heure de pointe. Beaucoup se font adultes dans des corps d’enfants que la nécessité à fait vieillir trop vite.

 C’est une culture pour moi revisité. Cette impression de brume à toutes heures du jour que l’air épais brule dans l’horizon. Le vent remplit de particules sangsue mes yeux. La peau collante, noircie de crasse, je joue du coude avec rickshaws, camions et trous. S’accumule une foule peu importe l’endroit où je me pose. Des yeux curieux, des mains qui touchent. Des gestes parlent pour tout langage, le chai se boit de se comprendre. Taillé sa place, donné son droit aux vaches sans poil, éviter les collisions. Des chameaux tatoués de signes tribals tirant des charrettes de foin me dépassent sur l’autoroute. Et un matin, cet éléphant le visage peint surréalise mon bout de chemin.

 C’est un bouillon où les contrastes abondent les yeux, piquent les sens. L’odeur de l’encens côtoie celle de déchets que l’on brule à ciel couvert. D’incomparables sourires d’enfants. D’autres la mort au trousse, des membres en moins, des mouches aux yeux. Des villes que l’on étouffe sous les ordures et le temps des moissons se fait à la serpe sur des odeurs de mangues dans la campagne. La fumée noire des cheminées; des briqueteries à l’infinie. Les pétales de fleurs au pas des portes de chaque maison. Des guirlandes de fleurs aux parebrises des voitures. Des fleurs sur l’eau des fleuves, dans les cheveux des femmes. Vivre de peu, surtout de rien et faire avec. Hocher la tête de gauche à droite pour toutes réponses. L’Inde, tu es sans pareil de par le monde.

Comme tu es laide… comme tu es belle…

2012/04/13

L'Oman




 C’est un printemps de fournaise dans un Oman de feu. Sous les tropiques du Cancer, les matins se sont fait tôt pour de longs après-midis dans l’ombre…

 Ce lever avant le soleil qu’une fois sortie étire mon ombre loin derrière mes roues. Me vient en tête sur ces matins chauds des souvenirs du temps des cerises. Ma peau est devenue cuirasse, je bois sans cesse, me gave d’eau et ne pisse plus. Dans ce pays énorme que peu de gens habitent, les hommes ont la nonchalance aux bouts des manches. La démarche tranquille et ce chapeau finement brodé sur chaque tête fait l’identité de tout un peuple. À l’ombre des  maisons blanches, des mains se lèvent, me saluent. Des sourires s’adressent à mon passage. C’est un pays où la famille est à l’honneur et l’authenticité est bien placée.

 Le jour s’étire comme le matin monte. Mon ombre s’enjambe, se fait discrète sous les rayons. Défilent des terres de côtes que la mer partage en abondance. S’étalent des terres de sable que divaguent des ânes sauvages dans le lointain. Contrastent des terres abruptes que l’homme cultive au bout de gorges profondes. Entre deux tranches de montagnes s’accumulent de l’eau précieuse dans un pays où il ne pleut pas. Dans ces ``wadis``, des canaux d’irrigations ingénieux imbibent une sécheresse d’un vert épais. Y poussent des palmiers aux dattes hautes, des bananiers de feuilles géantes et des manguiers parfumant l’air.

 À la verticale du jour le soleil est un coït. Je cherche de l’ombre du bout des yeux. Trouve un arbre, me cache de sous ces branches, C’est l’heure de la sieste dans un Oman immobile qu’une température brulante empêche de tout. Lorsque les arbres se font ailleurs, j’aime à me réfugier dans ces casse-croutes de bord de routes. Dans un  minimum de meubles, un ventilateur déplace lourdement un air gommant. Tenu à l’indienne sur des odeurs d’oignons et de chai, j’écris en attendant plus frais. Sonne quatre heure et m’en retourne dehors. M’en retourne aux fourneaux…

 Le soleil descend; mon ombre prend les devants. Ma peau perd de son eau à mesure que le pays peint ses paysages couleur d’ambre. Lorsqu’enfin le soleil tombe dans la mer il bouille les plages de ces rayons. Des plages vierges, minées de trous que des tortues géantes creusent la nuit. Trainent dans le sable des coquilles molles que des nouveau-nés en carapace ont dû brisés pour aller toucher les eaux bleues d’une mer chaude.

 Suivant la côte, la nuit s’installe et Muscat se love sur bien des anses. De sur ma plage, la lune si douce est bienvenue. De ses immeubles et ses reflets, la capitale se fait blanche dans la nuit. Il me reste peu de temps pour voir du propre, de l’impeccable. Marcher du neuf sans pollution. Mais déjà je pense à ces endroits sales qui plafonnent ma mémoire. Un bouillon déjà bu. L’excitation d’un pays que j’ai gouté me remonte en tête.

Demain, je pars pour l’Inde quittant l’Oman et le Moyen-Orient.
Demain, je pars pour le Pays-Fou!

2012/04/05




 De ces quelques semaines j’ai bougé très peu. Quelques semaines pour aller nulle part. Pour faire autrement que sur deux roues. Quelques semaines chez des amis de longues dates. Si loin des terres de souches et pourtant je me repaysage de visages familiers.

 Passer des jours de petits projets sous ce grand toit à vive allure. Prendre le temps que je ne trouve autrement. Tirer sur papier grand format des portraits de ce voyage et des histoires s’imprime sur des visages. Des images qui désormais m’habitent et l’envie d’en parler me prend. Devant public, je donne trois conférences grisantes qu’une longue préparation à portée fruits.

 Faire de l’inertie de pures plaisirs. Retrouver le vrai café que j’instantanais depuis nombreux pays. Les soirs, aiguiser ses papilles sur des repas gastronomes que des millésimes parfaits accompagnent dans de grandes coupes. En découle de nonchalantes discussions. Explosent des rires sur le confort de coussins à même le sol. Ces amis je les aime tant avec qui le quotidien est fait de jeux. Avec eux, le rire sonne les minutes. Jouer sans peine et en tout temps. Le bonheur facile, l’aventure au fond des veines. Nous formons un trio de feu que nos projets alimentent des braises de passions. Hélas, le temps s’est fait vite voir occupé. Déjà je m’en retourne soliste dans un renouveau de départ que le printemps fera fournaise.

 À vous tous, vieilles branches de par le monde, avec qui l’amitié sonne juste. Je vous embrasse et pense à vous sur mes chemins de la bohême. L’amitié  n’est en rien la fréquence des rencontres mais bien la direction que prennent deux vies.

Bon vent à tous. Bon baisé du printemps…


2012/04/02



 C’est dans le creux d’une coque d’acier que j’ai flotté les eaux du golfe Persique pour un pays où je ne pensais jamais mettre pieds. Je ne pouvais m’imaginer toute l’étrangeté des Émirats Arabes. Massive démesure et d’étonnants changements contrastant l’Iran que tout d’abord je reconnus dans une absence de déchets.  L’endroit est immaculé, d’une propreté surréelle. Les sacs plastiques ne flottent nuls part et pousse du vert en plein désert. Du gazon phosphorescent bordent de grands boulevards. Des fleurs multi-couleurs centrent les ronds-points que l’on arrose en abondance. La folie des grandeurs s’étale et avale des tronçons de sable dans ce Las Vegas islamique. Une myriade d’immeubles hauts et forts, pour la plupart miroirs, poussent dans ce sable infertile et salé. Ces villes-vertiges arrosées à l’or noir défient les lois de la gravité. Grimpent des tours aux formes folles, grattent le ciel à n’en faire baver tout architecte.

 C’est un pays où l’on sépare le sel de l’eau afin de la boire. Un pays où l’on fabrique des plages d’un sable fin à l’aide de machines flottantes. De nouvelles plages chaque semaine s’installent en bordure de grandes façades commerciales. Là où il n’y avait rien de grands projets prennent formes dans un futur qui semble avoir oublié ces propres limites. Un pays qui se veut disponible de tout. Un pays neuf que le pétrole à fait possible. Un pays, pour moi, vide de l’authentique pour cause d’avoir grandi trop vite.

 C’est un pays à prime abord parfait qui sonne creux après un temps. Une bulle fragile sur laquelle l’on pavane ses richesses. Devant tous étaler son pesant d’or et ses jouets. Se plaire dans l’excès. Pour deux Émiraties, huit étrangers. La plupart venus de pays pauvres et surpeuplés que la nécessité à déplacée ici. Ils sont nombreux, majoritaire, à travailler pour peu. Venu chercher l’eldorado et prêt à tout pour un salaire de petite somme. Au matin, la ville prend du coffre, se gorge de tous ces travailleurs débordant des autobus blanches. Ils montent chaque jour de quelques étages des édifices déjà bien hauts.  Dans leurs yeux perlent l’envie. Sont-ils heureux… ont-ils quitté pire… trouvé mieux? Le jour tirant vers le bas, ils s’en retournent dans des camps loin du visible en plein désert. Des camps dans du vide. Des camps sans vert ni fleurs. Des camps d’hommes et leurs familles ailleurs attendent en terre natale. Le parfait porte son prix et pousse une charrue doré devant des bœufs-mirages. Un pays qui sans eux ne serait que poussière, soleil et vent.

 Réaliser que ce territoire c’est fait pays il y a à peine 50 ans. S’imaginer une vie nomade où l’on survivait de peu, de dattes, de perles et de chameaux. 50 ans, c’est peu pour effacer ces origines. 50 ans pour y  noyer dans le pétrole toute sa culture. N’en reste rien que beaucoup de ``shopping malls`` ont remplacés. N’empêche l’air climatisé va me manquer!

Je m’en vais en Oman.
Là où le soleil cuit tout ce qui n’est pas dans l’ombre.
Je m’en vais faire de ma peau du cuir!

2012/03/18



 Faire de ce voyage un plaisir pour mes yeux que l’odeur du vent transporte dans mon dépaysement. Au bout de l’effort ce gout métallique me vient en bouche lorsque le soleil tombe sur des lieux différents pour chaque jour. Des mois de bourlingue pour de fines secondes d’extases. Des mois pour des détails. La perfection dans des regards… la perfection sur de courtes distances. La simplicité d’avoir du temps pour des moments d’une précision intense. Comparer ma vie inévitablement à d’autres. Rouler à même le pouls d’un peuple. Battre une mesure aux rythmes sans cesse changeant. Dans les échanges de petits riens trouver de grands tout. Réaliser que le monde peu importe l’endroit se ressemble dans ces interactions humaines.

 Réaliser qu’avoir des choix n’est pas à la portée de tous. De simples choix comme celui de lire un livre. N’importe lequel peu importe son contenu. Avoir le choix de ces habits. Ne pas être contraint dans des tissus sociales à contre ces envies. Choisir sa religion et les ennemis qui viennent avec ou ne pas en avoir tout simplement. Le choix des discussions, des opinions contre un système. Être en droit de crier haut et fort les inégalités sociales de sa nation. Ne pas avoir peur de la prison, ne pas mourir pour des idées. Ne pas ressentir de répression autour de soi. Ne pas être prisonnier dans son propre pays. Ne pas se cacher pour ces idées. Avoir accès à toute l’information. Connaitre la complicité d’une femme. Faire d’une vie ou d’une nuit un accord mutuel. Jouir sans tabou, ne pas se cacher pour un baiser. Ne pas se cacher l’un à l’autre. Ne pas être pendu pour l’adultère. Ne pas être pendu pour bien des choses. Avoir le choix de quitter son pays lorsqu’il court à sa perte. Choisir de ne pas faire la guerre…

 Et moi qui pensais que la chance n’est en rien la conséquence de nos vies. Mais je n’ai pas choisi le pays de ma naissance. N’ai eu aucun contrôle sur mon éducation, mes parents, ma famille. Le monde est inégal, se fait cruel sur maintes facettes. Inégale car nombreux sont ceux sans choix et pour la chance, ils n’en ont jamais eu! Avant de porter jugement sur une personne ou tout un peuple, pour des actions qui me semble données dans l’illogique et l’irrationnel, je tente de remettre en perspective ces deux facteurs. Ont-ils le choix de leurs actions et qu’en est-il de cette chance que j’ai eu moi!

2012/03/06


  Ne pas oublier cette fillette dans la mosquée de Qom. Où les femmes en noire contrastaient des murs brulés par le soleil. De sur sa tête, sur tout son corps, elle portait un drap blanc picoté de fleurs. Ne reconnaissant en rien toute la signification de ce bout de tissus, elle gambadait souriante. S’amusant avec les ombres, l’innocence au fond des yeux, entre les minarets et les lumières de midi.

 Se rappeler de ce fermier rencontré dans un village perché entre deux déserts. Cet homme le quart de siècle dans les veines qui dans la parole, de tous ces gestes, de ces manières émanait son attirance pour les hommes. Il ne peut que cacher ce grand secret silencieusement emprisonné dans sa propre personne. Son corps une prison et ses envies un impossible des grands jours. L’homosexualité, se refoulant, fera mariage bien décevant.

 Ne pas oublier ces hommes aux mains habiles dans les bazars de basses lumières. Jouant du cuir et des métaux pour en faire de beaux objets. Des artisans chauffant à blanc de vieilles casseroles; une flamme de jouvence à même le sol. Se mélange dans l’air des vapeurs toxiques aux odeurs de viandes de chameaux. Les gens vivent de peu dans de vieilles villes sales et polluées. Travaillant de tous leurs corps, ils en arrachent pour survivent. De ces villes s’échappent les déchets qui flottent dans le désert.

 Se rappeler des femmes dissimulant les courbes de leurs corps d’un voile noire une fois dehors. D’une cape elles cachent des formes ici taboues. Je ne suis pas en droit de leurs adresser paroles. Elles ne sont ni ma sœur,  ni ma femme, ni ma mère. Parfois nos yeux se croisent mais ne se comprennent pas. Des yeux de rêves pour un corps secret. Les hommes et les femmes forment deux clans se donnant distances l’un envers l’autre. Ils se connaissent à peine dans ce pays où l’autre sexe reste mystère.

 Ne pas oublier que l’Iran est un pays grandiose de ces espaces vastes et beaux. Se rappeler de chaque personne rencontrée sur les routes et les repos. Tous m’ont portés des regards très curieux pour des sourires de tout temps. De dans leurs mains coulaient des gestes généreux. Mais la parole-libre manque et la liberté d’expression s’est enfuit il y a longtemps. Un pays où l’on ne peut que chuchoter de graves vérités et l’habitude des non-dits fait la routine. Un pays où partout les murs peints de longs slogans nous rappellent qui sont les maîtres. Ces grands manitous…pour moi des fous. Le choix est une chimère et la guerre, cette poigne de fer, se referme lentement dans l’isolement. L’information est rare et dans le noir l’attente est longue. N’ayant d’autre choix, ils attendent les mains liés que quelque chose se passe. Ils attendent…  entendent des rumeurs de révoltes venant du voisinage. Impuissant, ils attendent une guerre qu’ils n’ont pas choisie et que personne ne veut.

2012/02/29





  Dès ma sortie hors de la ville-monstre se sont déballés de grands espaces sous mes roues. Déroulées d’immenses vallées de roches qui s’éventrent pour se perdent dans le désert. Le fond de l’air est frais, voir froid. J’en perds le souffle dans la conduite. Le regard posé sur cette ligne de fond qu’est l’horizon, la route s’étire. Se perd et je veux aller voir sa fin. Le soleil teint la terre et brûle mon nez dans les mêmes tons. Les ombres s’allongent; des murs de sable dansent sur le plat. Fouettent des dômes d’argent sur leurs passages. Les formes s’effacent dans de la poussière de vent. S’y cachent des puits d’un caravansérail à l’autre sur cette route de la soie.

 Sur ces lignes droites d’un noir blanchit, je cherche des chameaux solitaires du bout des yeux. Ces bêtes venues de loin, d’Afghanistan, entreprennent des chemins qui tiennent du secret. Seuls, ils traversent les frontières avec dans leurs bosses un précieux trésor. Contrebandiers incognitos avec caché du sous la peau l’opium que l’on récupère ici pour la Turquie et puis le reste du monde. Partout posées des tours de sable, vigil jadis contre l’invasion. Forteresses oubliées, ils font désormais office de repères pour les avaleurs de rêves. Pour les nombreux fumeurs d’opiums de ce pays.

 Ce ne sont plus de simples villages mais des villes entières faites de boue. Tenues en place par de la paille. Des labyrinthes où j’aime à  m’y perdre. Cachant des ombres aux couteaux entre des murs d’aucun angle droit. Et lorsque, loin des machines bruyantes, le silence aboutit ne flotte dans l’air que le bruit des fuites de gaz naturel aux travers des tuyaux. Je fais des jours à flâner la vie que des après-midis font sans bruit. La nonchalance de lire sur un pont-miroir. Découvrir un monde de symétrie au travers de ruelles croches. Des mosquées façonnées de mains de maîtres avec au centre toujours un point d’eau. Des constructions d’une incroyable perfection où tout n’est qu’arches et symétrie. Faites de milliers de tuiles jaunes aux motifs spectaculaires qu’un fond bleu contraste. Des murs de poèmes dans des villes de boue. De vieilles portent de bois dans un monde sans arbres s’ouvrent sur des bazars bondés. D’où s’infiltrent les lumières du jour par des trous que des dômes font kaléidoscopes.

 Mais pour accéder de tels endroits, il faut traverser de longues banlieues laides et expansives. Les mille et une nuits se sont évaporées avec le millénaire. La lampe à l’huile est remplacée par le néon. Si les tapis volaient autrefois, maintenant ils ne font que caresser la paume des pieds dans chaque maison. Le monde change, leur monde change. Mais même s’il faut traverser bien du laid et nombreux bruit, le charme du Moyen-Orient reste. Ce charme légendaire suinte les murs, vit dans les dômes… murmures les arches… Un charme unique que l’hospitalité fera complice encore longtemps.


2012/02/20



 À bord d’une longue chenille de d’acier, je suis entré dans Téhéran, la ville monstre. Y laissant derrière l’hiver ainsi que quelques flocons d’humilité. À première vue, la ville ne ressemble en rien à la rumeur géante des dires de certains. Mais bien vite je réalise ton amplitude. Tu t’étales vaste sur ce qui était autrefois des champs. Jusqu’au Nord où tu te buttes aux montagnes qu’un smog affamé avale. Tu m’as fait peur dès mes premières bouffées d’air dans tes artères. Traverser les rues relève de la roulette russe. Dans une cacophonie de fous, un trafic de titan ravage tout sur son passage. Les bouchons de circulation se perdent l’un dans l’autre. Téhéran toute entière sent ``l’exhaust``. Cracheuse de fumée noire, le monstre ne dort jamais. Te respirer le jour. La nuit, dormir les narines pleines de ton cracha. Des freins et des klaxons, mélodie de fond, nous brise les oreilles sans trêve. Je fais des rêves surpeuplés et bruyants. Sur tes murs, de sur ta crasse, l’on a peint de grandes murales. Peindre des arbres, des papillons et des oiseaux là où il n’y en a plus. Sont aussi peint les élus de ce pays.  Des murs entiers de visages sévères pour nous rappeler qui sont les maîtres ici. Pour ne pas oublier qu’il n’y a aucun choix. Que l’on ne peut crier.…

 Dompter la bête, apprivoiser ces rues. À petit feu, les jours mon habitués à ta folie. Faire de mon temps des visites aux ambassades des quatre coins de la ville. Nager dans une mélasse consulaire épaisse. Pour toute question sa réponse vague. Douze  millions d’hommes et de femmes habitent la métropole et l’étranger se fait rareté. Peu importe la densité des foules, je reste le néon dans une mer d’ampoules. La fin de mon séjour me découvre des habitudes dans ton centre. Connaître les horaires du boulanger, savoir où trouver les oranges de petits prix et les sandwichs aux spaghettis. Le soir, pour changer d’air, respirer des fumées aux saveurs de menthe. Le narguilé est l’un des rares plaisirs nocturnes de ce pays.

 Sans mensonge, il me fera grand bien de te quitter. J’ai déjoué les bureaucrates. Je suis ressortis propre de ce bourbier consulaire. Transformer des dollars dans la rue du marché noir. Le taux du jour toujours changeant et l’embargo fardeau  pesant pour tout l’Iran. Je retourne en selle le Sud en tête; trois millions de rials en poches…

Là où l’on peut voir plus loin qu’un bout de rue.
Là où l’air ne sent rien.
Là où rouler ne relève pas du suicide.
Le Sud, mes roues en bavent de le traquer, de le draguer.
Je veux m’emplir de ton désert.
Je veux voir des yeux de femmes…




2012/02/19



 Faire de cette chambre sans cachet le havre nonchalant d’une journée qui s’enfuit dans l’attente. Une lumière tendre imprègne des murs jaunit par les années. Par tous les passants des nuits passées. Dehors semble si loin. Mais en sourdine s’accouplent klaxons et nombreux freins.  S’y coupent dans une cacophonie loin du symphonique. Passé ma porte, s’étend de gros nuages d’où tombent de grasses gouttes sur Téhéran.

 Quant à moi, de tout mon long sur des coussins, je bouge à peine. Je fais le chat. Je me prélasse, feutré dans ce minimum de confort me convenant. Dehors peut bien faire ce qu’il veut. Le matin s’étire lentement sur une lumière qui attendrit l’heure. La pluie par la fenêtre fait des cercles dans des flaques. Dégoutte sur les trottoirs. Des excès urbains en rigoles noires. Que la pluie lave cette sale ville de toute la crasse qu’elle dégueule chaque jour. Qu’elle efface jusqu’au dernier son.

 De la pluie pour du silence. Baignant dans une lumière couleur d’ambre, le jour avance. Dans ma tanière, caché, pacha, je fais le roi dans mes haillons. La presse en rien, les heures vagues me passe dessus à mi-chemin entre farniente et fénéanse.

2012/02/15

Kurdistan et fin!



 De ce pays j’ai vu beaucoup et sur sa fin ce préoccupent de grands changements. Sur des détails s’opère un paysage changeant. Dans une langue bien à eux, les Kurdes portent à même le cœur un rêve sauvage qui les habite depuis longtemps. Le rêve d’un pays. Un songe en forme de terre… le Kurdistan. Cet idéal de part égal entre l’Irak et puis l’Iran. Que la Turquie ferait majoritaire et la Syrie petite pointe. Mais ce pays n’existe pas et chaque pont entre deux rives est à l’office du contrôle. L’armée Turque, blindée à vif, fait les cent pas sur un territoire où ils ne sont ni natifs, ni bienvenus. Ils contrôlent l’identité sur des bouts de papier. Beaucoup de vieilles dames pour peu de rebelles. Ils sont blindés dans des machines. Caché derrière des révolvers contre la révolution. Pour tout peuple ces extrêmes… ces extrémistes. Le Kurde est fier, certes, mais des sourires si francs ne mentent pas. Des bras ouverts trompent rarement.

 Au fin fond de ce pays, les vaches ont envahi les rues. Les troupeaux de chèvres qui les traversent sont sans soucis. Les autobus ne partent que lorsqu’elles sont pleines du plancher au plafond. Le temps s’étire en différé et toujours il y a de la place pour un passager de plus. Des hordes d’enfants sur de longues distances me prennent en chasse dans des rues aux odeurs charbonneuses. Ils sont armés du bout des lèvres d’un seul mot répété deux fois. Money, money, du bout des lèvres, les doigts gelés et la peau sale. Des boules de neiges, des roches ou des kiwis me sont lancés lorsque les sourires se font méchants mais pas souvent! Même le thé, symbole de cette nation, se boit différemment au Kurdistan. C’est un cube de sucre à même la langue qui bu à petites gorgées brulantes se dissout dans l’amertume.

 Il m’a fallu longer une frontière barricadée et cent mille barbelés. Une ligne déserte coupant la Syrie au reste du monde. Fermé pour ne pas nous montrer ce qui s’y passe à l’intérieur. Longer cette clôture triste la plaine plisse et toute petite sur la montagne Mardin y est posée. C’est une vieille citée construite en bloc. Pour une maison si colle une autre. Un labyrinthe de rues que seul le marcheur peut emprunter. De ruelles boueuses en escaliers glacées amènent des bazars d’ombres. Nombreux minarets percent le ciel et les ânes chargés de charbon fond du porte à porte jusqu’à tard dans la nuit. La neige s’est faite manne et au matin, la ville entière de sur ces toits est devenue terrain de jeu pour mille enfants…

 Je quitte la Turquie avec en bouche un gout grandiose. Des endroits vus et respirés. Perdre le souffle  de voir beaucoup. Cette fierté dans chaque regard. La fierté de vivre ici reflète l’amour qu’ils te portent. J’ai roulé sur tout ton corps et ton odeur reste imprégnée dans mes bagages. Je te reverrai un temps plus tard… Te reverrai dans une saison autre… merci

2012/01/23



Dans cette  nuit d’encre à l’écart du connu déborde des envies lointaines.
Des envies humaines… des souvenirs de vous se mélangent sous cette  nuit de glace.
Je ferme les yeux, descends en cave une bouteille de rouge en tête.
Un flacon mûr, le son du bouchon à l’ouverture.
Prendre un bain, un bain brulant. S’endormir dedans.
Le rouge décante, Morphée m’endort…
Une gorgée de pur délice. J’ai les doigts qui plissent.
Fermer les yeux; l’odeur du feu.
De bûche en braise, le bois crépite.
Craquent de chaude lumière. Ma peau chauffée à blanc par la fonte.
J’entends des voix, j’en ai envies, je pense à vous.
Seul dans ma tente, j’ai soudain chaud.
Mes amis, mon rêve, vous êtes d’une agréable compagnie.
Le temps s’étire sur des fuseaux horaires qui nous font distance.
Nos bras n’ont pas la longueur des continents mais vous êtes là.
Les yeux fermés, je peux vous voir.
Goutté ailleurs dans de grandes coupes.
Je me réchauffe à ces pensées et je m’endors.
J’y suis…


2012/01/19


  L’hiver s’en suit, l’hiver sévit et dans ma course je l’entraine vers l’Est. C’est officiel, la Turquie a refusé toutes lignes droites. Elle décréta le plat global une perte d’espace. J’avance en aveugle suivant les humeurs de cette vieille croute terrestre qui dans ces plaques tectoniques cachent des courbes impossibles. Des courbes voilées sur des cols de souffles courts. Des courbes bordées d’imprévus, cachant des serpents de routes vers le bas.

 Parfois, par temps froid, je m’imagine brûlé par le soleil. M’imagine oiseau, flottant pour aller voir au-delà d’une butte. L’hiver produit des jours où le vent n’a aucune pitié. Des jours où la nature n’a rien pour moi. Des temps qui rongent l’essence même de ce voyage. Ce vent de face lorsque de glace toujours me gruge, me décourage, m’enrage, me fait douter. Je ferais des montées à l’infini pour t’éviter. Il me faut l’avouer, j’ai sous-estimé les vents de Gorême. Crains les neiges de Cappadoce. Baissé la tête, mordre du vide pour me retrouver un peu plus loin les soirs venus.

 La neige s’empile dans l’altitude, elle s’épaissit dans l’Est. Ces montagnes, vaste chaine, forment des paysages que d’écrire est impossible. Des pics en blancs, des pics abrupts jouant des ombres avec l’hiver. De larges vallées avec en fond petites rivières… grand débit. Traversant de longs tunnels, je joue des échos avec ma voie. Chante sans gêne dans les descentes. Le blanc des neiges s’efface; le vert aux feuilles se remet en place. Des vergers de pamplemousses me picotent les yeux de courts instants. Sur des odeurs d’agrumes, les pistachiers dorment dans une glaise rouge. Et ça vallonne dans l’étendue…

 Des quatre points je choisis l’Est. L’Est d’où s’étire mon ombre de ses soleils couchants. L’Est qui s’appauvrit à vue d’œil… à vue d’homme. L’Est différente, fervente, rude. Dans sa course démentielle le vent roule, déboule sur ces terres de roches. Sur cette Mésopotamie aride, berceau humain d’un autre temps. Des terres misent à nues que seuls quelques bergers habitent. Devant, de grandes collines nues perdent l’horizon et les chèvres maigres à mon passage beuglent. J’avance en terre Kurde. L’Iran n’est plus bien loin désormais…

2012/01/14



 Aux quatre coins de ce pays, de long en large, nul ne peut ignorer ta personne. Tu es partout. Ton regard bleu sur des affiches s’impose. Ta posture silencieuse fait les podiums. Pose fièrement ton profile dans les chaumières. Des routes et des boulevards portent ton nom. Debout, ton corps de bronze centre les villes. Ta tête d’or aux sourcils fous encastre les détours de bien des murs. C’est à croire qu’avant toi il n’y avait rien. S’entrechoquent tes profiles sur les pièces de monnaies. Tu te trimbales dans les poches de tous les Turques.

 Mais qui étais-tu, Ataturk? Un homme aux idées à l’avant-garde de son temps. Tu marquas la Turquie d’un sceau bien moderne. Un vent nouveau au tournant d’un siècle bouillant. Tu donnas un nouvel étendard à ce pays changeant. Ataturk, le grand. Mais qui étais-tu vraiment? Un homme de guerre fier de son pays. Un politicien qui a fait de l’Europe son modèle. Tu enlevas le pont entre politique et religion. Tu es l’un des premiers à avoir donné une voie aux femmes. Tu remodelas la Turquie jusqu’à lui donner un nouvel alphabet. Tous t’idolâtre même si certains rêvent dans leurs barbes le temps d’avant ta venue.

 Ne reste de toi que les faits et les images. Ne reste de toi que le beau, le meilleur, le héros. Que dirais-tu de cette Turquie post-modernisée. Est-elle devenue la continuité de ta vision. En serais-tu fier? La défendrais-tu encore avec autant d’ardeur? A-t-elle tangué du bon côté; de ton coté ? Qu’en est- il de son identité, de son authenticité. Ne reste de toi que des statues. Hélas, elles ne sont pas bien bavardes. Tes images sont nombreuses mais c’est ta voie que j’aimerais entendre.

2012/01/07



 Prendre des vacances dans ce voyage. À mi-chemin faire une halte. Flâner ce mois sur mes deux pieds et ma bécane dans un garage attend la neige. Dormir de longs matins tranquilles. Un grand dortoir en guise de tente. Le menu des jours prochains sera léger. Des soirs à boire et à manger. Des soirs à s’étourdir la tête, à s’engourdir les sens, à se remplir la panse. Fondu Chinoise, mousse au chocolat, billard et bière. Je lis pieds nus, je me prélasse. Tombe la pluie de sur mon toit et je souris d’en avoir un. Un brin coupable dans la nonchalance. Ces mois remplis d’action sont devenus ma dépendance. Se réhabiliter à la marche un sac au dos. Marcher pour le simple plaisir d’une vue. Marcher sans la moindre destination. Prendre des bus, des taxis, des avions, des métros. Rouler en mobylette pour s’endormir dans un hammam. Jouer, ne faire que cela, en compagnie de vieilles branches. Venus de loin, des amis de longues dates sont avec moi et Noel aura été blanc cette année.

 Finir cette mi-temps à Istanbul, la gigantesque. Siéger la ville des jours durant. Une carotte au bout du nez; un visa, précieux papier. Ce visa, du moins son ombre, fait des longueurs sur les eaux vague du World Wide Web. Dans l’attente, lassé en rien, lentille en main, je marche la ville. Cherche des moments à fixer en images. Puis un matin, cette étampe pour l’Iran je l’ai enfin. Mes cuisses me démangent. Il ne me reste qu’à retourner en Cappadoce.

 Cette Cappadoce que je ne comprends toujours pas. Un paysage de fées, percé de trous jadis maisons d’hommes, maisons d’oiseaux. Un monde en rose et jaune que des montgolfières survolent matins et soirs. Planent ces ballons que de grandes flammes gonflent au-dessus d’une terre de tours taillées par le vent… trouées par l’homme. Demain, je quitte ces églises cachées au bout de longs tunnels et ces pigeonniers gratte-ciels.

 Je reprends la clef des champs, j’en ai envie. Mes cuisses ne veulent plus de l’inertie. Je reprends du service. Le retour en selle me donne des papillons au ventre.