2011/10/14

L'Allemagne au carré et mon fleuve de chevet!



 Les frontières de par le monde se font d’obstacles naturels. Des grandes montagnes, de longs cours d’eau séparent la terre en vains morceaux. C’est le Rhin qui traversé m’amena sur les territoires de  l’Allemagne. Sur l’autre rive, la Forêt Noir plonge ces racines dans la rivière et tout de suite je prends du gaz. Cette Forêt Noir à priori fait la coquette comme dans une vue. Mais bien vite cette même forêt serra mes cuisses dans l’accession d’un de ces cols en face de singe.

 Sous la chaleur intense de midi, je fais du cuir avec ma peau. Je cuis sans ombre sur des pentes de dix pourcent. Des montées pour des litres de sueurs que la descente transforme en cristaux de sel sur mes paupières. Grisé par la vitesse, je pense à la Camargue pourtant si loin. Puis des détails de routes, des souvenirs de jours passés me montent en tête.

À la brunante trouver un lac entre deux plis et le soleil jouant des mauves avec les arbres.
L’envoler d’une horde d’oiseaux synchronisant un vol à l’unisson.
L’odeur de l’automne, les matins froids, glaner des noix d’arbres oubliés. 
Ma gourde remplie de jus de pommes; l’on m’offre à boire dans un village.
Se rappeler qu’en roulant vers l’Est l’on court toujours après son ombre.

Sur mes deux roues, mon ombre s’étire à mesure que les jours avancent.
L’automne s’installe dans la campagne et ces odeurs que j’aime tant…







C’est dans le premier du jour d’Octobre que j’ai abordé le Danube. Abordé les débuts de ce qui va être ma rivière de chevet jusqu’à la Mer Noir. Le plat prend place, les montagnes s’effacent. Ce grand fleuve d’Europe en profite pour y puiser sa source. Un fleuve qui dans ces débuts est simple ruisseau. Serpente son cours que de petits ponts partout sont posé afin de l’enjamber.

 Longeant  les courbes de ces rives, chargé comme une mule je fais du hors-piste dans les sous-bois. Traverse des champs et les glaneurs sont à l’ouvrage. Perchés haut sur les rochers, des châteaux anonymes m’observent entre les branches. Les feuilles tombent à mon passage. Un tapis jaune de sous mes roues. Et chaque matin toujours le brouillard. Un brouillard épais à couper au couteau. Un brouillard à boire. Un brouillard formant des perles de rosé sur tout mon corps.

 Ce ruisseau prend vite du courant s’élargissant de bien des sources. Les villages se condensent… les barrages se compliquent. Petit à petit tu perds le contrôle de ton propre débit. De grandes cheminées bordent tes rives et les centrales nucléaires me font peur. Des poissons géants me réveillent la nuit et les oiseaux se foutent bien de l’eau polluée pour s’y baigner. Tu suis ton cours et moi le tien.

 De par  l’Allemagne je t’ai lové jusqu’à Passau sous les torrents. Dans ce pays un brin rigide j’ai surtout vu, parlé très peu. Je mets le cap au Nord, délestant l’Est et la rivière me tourne le dos. La République Tchèque me trotte en tête… Un grand détour pour voir ailleurs que tous mes sens font la boussole.

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