2012/02/20



 À bord d’une longue chenille de d’acier, je suis entré dans Téhéran, la ville monstre. Y laissant derrière l’hiver ainsi que quelques flocons d’humilité. À première vue, la ville ne ressemble en rien à la rumeur géante des dires de certains. Mais bien vite je réalise ton amplitude. Tu t’étales vaste sur ce qui était autrefois des champs. Jusqu’au Nord où tu te buttes aux montagnes qu’un smog affamé avale. Tu m’as fait peur dès mes premières bouffées d’air dans tes artères. Traverser les rues relève de la roulette russe. Dans une cacophonie de fous, un trafic de titan ravage tout sur son passage. Les bouchons de circulation se perdent l’un dans l’autre. Téhéran toute entière sent ``l’exhaust``. Cracheuse de fumée noire, le monstre ne dort jamais. Te respirer le jour. La nuit, dormir les narines pleines de ton cracha. Des freins et des klaxons, mélodie de fond, nous brise les oreilles sans trêve. Je fais des rêves surpeuplés et bruyants. Sur tes murs, de sur ta crasse, l’on a peint de grandes murales. Peindre des arbres, des papillons et des oiseaux là où il n’y en a plus. Sont aussi peint les élus de ce pays.  Des murs entiers de visages sévères pour nous rappeler qui sont les maîtres ici. Pour ne pas oublier qu’il n’y a aucun choix. Que l’on ne peut crier.…

 Dompter la bête, apprivoiser ces rues. À petit feu, les jours mon habitués à ta folie. Faire de mon temps des visites aux ambassades des quatre coins de la ville. Nager dans une mélasse consulaire épaisse. Pour toute question sa réponse vague. Douze  millions d’hommes et de femmes habitent la métropole et l’étranger se fait rareté. Peu importe la densité des foules, je reste le néon dans une mer d’ampoules. La fin de mon séjour me découvre des habitudes dans ton centre. Connaître les horaires du boulanger, savoir où trouver les oranges de petits prix et les sandwichs aux spaghettis. Le soir, pour changer d’air, respirer des fumées aux saveurs de menthe. Le narguilé est l’un des rares plaisirs nocturnes de ce pays.

 Sans mensonge, il me fera grand bien de te quitter. J’ai déjoué les bureaucrates. Je suis ressortis propre de ce bourbier consulaire. Transformer des dollars dans la rue du marché noir. Le taux du jour toujours changeant et l’embargo fardeau  pesant pour tout l’Iran. Je retourne en selle le Sud en tête; trois millions de rials en poches…

Là où l’on peut voir plus loin qu’un bout de rue.
Là où l’air ne sent rien.
Là où rouler ne relève pas du suicide.
Le Sud, mes roues en bavent de le traquer, de le draguer.
Je veux m’emplir de ton désert.
Je veux voir des yeux de femmes…




2 commentaires:

  1. Il ne suffit que de quelques lignes, pour avoir limpression d'y etre... tes description sont incroyable!!! Encore et toujours un plaisir de te lire mon frere.

    jeff

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  2. Encore et toujours un vrai, un dur, un truand: un exceptionnel de cette trame...

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